Le petit Artús, né en Lozère, "menacerait l'unité de la France", se désolent les défenseurs des langues régionales

Les défenseurs des langues régionales continuent de se heurter à un problème administratif : faire reconnaître la bonne orthographe des prénoms sur les documents officiels. Dernier exemple en date : le petit Artús, né à Mende en décembre, doit abandonner son accent aigu, à la demande de l'état civil.

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Artus aurait dû se prénommer Artús, avec l'accent de sa langue régionale. Or le 15 décembre 2022, l'administration en a décidé autrement en supprimant le signe diacritique du prénom du garçon né à Mende.

Pour François Alfonsi, le président de Régions et Peuples Solidaires, c'est une erreur : "Le ú est reconnu par le Congrès Permanent de la Langue Occitan et figure dans tous les dictionnaires de langue occitane. Le prénom Artús doit donc pouvoir être enregistré avec l’accent aigu sur le u." En 2017 déjà, le tilde sur le "n" de Fañch, prénom d'origine bretonne, s'était heurté à l'administration. Pour l'association, ce serait désormais "l’accent aigu sur le "u" d'Artús l’Occitan, qui menacerait l’unité de la France". 

Une circulaire à moderniser

Même si le code occitan valide l'utilisation des accents, les langues régionales sont régies au niveau national par la loi Molac de 2014.

Une modification de cette loi a été réalisée en 2021 : "Le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition considérant, qu'en autorisant l'utilisation de signes diacritiques autres que ceux de la langue française, elle reconnaissait dans le même temps un droit à l'usage par les particuliers d'une autre langue que le français dans leurs relations avec l'administration."

Le maire de Mende, Laurent Suau, a donc été obligé de se plier à la loi et de refuser la régionalité du prénom de l'enfant. Il dit avoir conseillé au père de l'enfant de déposer un recours auprès du procureur de la République : "Je suis favorable aux langues régionales. D'origine paysanne, dans ma jeunesse, on a parlé occitan ! Mais je ne pouvais faire autrement que de me plier à la loi car l'enfant aurait pu avoir des soucis à l'avenir pour ses papiers."

"Une décision absurde et ethnocentrée"

François Alfonsi appelle le gouvernement à moderniser la loi "en reconnaissant l’utilisation de tous les signes diacritiques utilisés en langues régionales dans les actes de l’état civil." Le président de Régions et peuples solidaires dénonce une "décision absurde et ethnocentrée."

Dans les dictionnaires de langue occitane, Artús est bien écrit avec son accent chantant. Reste à savoir s'il le sera aussi sur les papiers d'identité du garçon né à Mende cet hiver 2022.

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