Lozère : 3 vautours gypaètes barbus bientôt lâchés en Cévennes près de Meyrueis

Près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, c’est l’estimation choc du rapport de l’ONU sur la biodiversité. Des solutions sont déjà à l’oeuvre en Lozère. Exemple avec la réintroduction de 3 vautours, plus précisément de jeunes gypaètes barbus.

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Europe, Lauza et Mona, trois jeunes gypaètes barbus vont être réintroduits en Cévennes, dans le cadre d'un programme européen de sauvegarde de ce rapace menacé. Ce sera dans quelques mois, début septembre.
Ces 3 oiseaux âgés de 3 mois doivent devenir d'imposants vautours d'une envergure pouvant aller jusqu'à 3 mètres à l'âge adulte... Mais ce lundi, ils découvraient leur nouvelle volière, à près de 1.000 mètres d'altitude. Un lieu d'adaptation temporaire avant l'envol !

15 jeunes vatours ont été relâchés en Lozère depuis 2012.
 

Europe, Lauza et Mona dans les airs des Causses


Le gypaète "incarne le regard nouveau de communion entre tous les acteurs, éleveurs, chasseurs, protecteurs de la nature, que l'on doit porter sur la biodiversité", assure le président de la Ligue de protection des oiseaux Allain Bougrain-Dubourg, présent à Meyrueis, en Cévennes, pour l'opération.
 

D'ailleurs, s'amuse-t-il, "le gypaète agrège toutes les différences: à peine arrivé ici un chasseur m'a embrassé, c'est vraiment une journée singulière !".


L'objectif du futur lâcher dans les Cévennes est de "reconnecter les populations de gypaètes barbus présentes après des opérations de réintroduction dans les Alpes et celles, naturelles, des Pyrénées via un noyau de population dans le Massif Central pour accroître les chances de survie de l'espèce", précise à l'AFP Pascal Orabi, chef de mission de la LPO.

Les trois oiseaux, un mâle et deux femelles d'environ 90 jours élevés en captivité en Espagne, ont d'abord été présentés dans un camping lundi aux enfants de trois écoles de Lozère et du Gard, qui ont choisi leurs noms.

Ils sont pourtant "déjà énormes", s'exclament des écoliers, impressionnés par ces grands rapaces nécrophages qui "font quand même drôlement peur".

Semblant saluer les poussins eux aussi effrayés, un gypaète adulte, planeur hors pair d'une envergure de 2,70 à 3 mètres, effectue un vol majestueux au-dessus de la paroi rocheuse dans laquelle a été aménagé pour eux un nid artificiel avec des structures de bois recouvertes de laine. 
Les jeunes vautours, équipés de GPS qui permettront de suivre leurs déplacements quand ils commenceront à voler, ont ensuite été transportés en voiture dans des cages vers ce site situé sur la Corniche du Causse Méjean, au coeur du Parc national des Cévennes.

Pour assurer leur quiétude, ils ont été placés avec précaution dans un périmètre fermé au public, une cavité protégée par un grillage et donnant sur un panorama époustouflant. Ils y seront nourris et surveillés régulièrement jusqu'en septembre par deux personnes.
 
Près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, c’est l’estimation choc du rapport de l’ONU sur la biodiversité. Des solutions sont déjà à l’oeuvre en Lozère. Exemple en Cévennes, avec la réintroduction de 3 vautours, plus précisément de jeunes gypaètes barbus. ©F3 LR
 

Des charognards géants et des phantasmes !


Les spécialistes espèrent qu'ils identifieront ce nid artificiel comme leur lieu de naissance et reviendront ainsi s'y reproduire à l'âge adulte vers 6 ou 7 ans après une période de "voyage initiatique". 
Baptisé "barbu" en raison de la touffe de plumes présente sous son bec, le gypaète tient à la fois du vautour et de l'aigle et peut vivre sous toutes les latitudes en Europe, Afrique et Asie.

Ce charognard se nourrit presque exclusivement d'os qu'il lâche en altitude sur des rochers pour les briser quand ils sont trop gros pour être ingurgités. Il peut parcourir des centaines de kilomètres par jour pour s'alimenter. Les adultes prennent une couleur rouille en se baignant dans de la boue ferrugineuse et sont connus pour le jaune et rouge de leurs yeux.

En 2018, on dénombrait une soixantaine de couples en France, dont 44 dans les Pyrénées françaises, 16 dans les Alpes françaises et trois à cinq en Corse. Pascal Orabi insiste sur les "menaces historiques" qui continuent à peser sur le gypaète barbu: poison, tirs de chasse ou câbles électriques.
 

Sur le plan de l'économie et du tourisme, "les vautours attirent du monde en Cévennes", souligne Alain Bougrain-Dubourg.


Subsistent pourtant localement à leur sujet "des fantasmes" contre lesquels il faut lutter, déplore Henri Couderc, président du Parc national des Cévennes. "Notamment celui du vautour tuant le veau naissant", alors que cet animal n'est pas chasseur et se nourrit uniquement de carcasses.
 
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