La rivière Tarn trouve sa source au cœur du Mont Lozère à 1 600 mètres d'altitude. Au fil des millénaires, elle a creusé un des canyons les plus hauts d'Occitanie. Entre le Causse Méjean et le Causse de Sauveterre, dans le département de Lozère, découvrez les Gorges du Tarn, d'une hauteur de plus de 500m par endroits, elles offrent un paysage naturel préservé et un patrimoine historique exceptionnel.
Le Tarn creuse son lit dans de grandes étendues calcaires, les Causses. Au point de créer, au fils des millénaires, des baumes, des défilés, des falaises de 500 mètres de haut. Un ensemble de merveilles géologiques situées dans le sud-ouest du département de la Lozère, et que l'on appelle "les Gorges du Tarn".
Les bateliers de La Malène, une histoire familiale
À la belle saison, la rivière se fait peu profonde. Difficile alors d’y circuler, mais les habitants ont depuis toujours la solution : de longues barques plates et des bateliers armés d’une perche pour les diriger.
Thomas Persegol est né dans ces gorges, comme son père avant lui, il descend chaque jour la rivière chargé de vacanciers. “On a un beau bureau”, se réjouit le jeune batelier. “Et puis j’aime le contact avec la nature, le cadre et le contact avec les clients est agréable : ce sont des gens qui sont là en vacances, on peut partager avec eux notre amour pour le coin”.
Tant qu'il n’y avait pas de route, les bateliers étaient partout dans les Gorges du Tarn et puis tout ça s’est arrêté dans les autres villages mais ça a perduré à La Malène certainement parce que La Malène était le point de départ de la plus belle partie de la rivière.
Longtemps, la tradition s’est transmise de père en fils. À l’époque où la route n’existait pas, les bateliers permettaient le transport des personnes, des marchandises et des bêtes le long du Tarn. Depuis 150 ans, les touristes ont remplacé le bétail, le village de La Malène est devenu la capitale des bateliers.
“La Malène, ça a toujours été connu pour les bateliers. Ça ne veut pas dire qu’il y a toujours eu des bateliers uniquement. Mais La Malène était le point de départ de la plus belle partie de la rivière et la tradition de batellerie est restée forte et bien ancrée dans le village”, raconte Eric Persegol, batelier à la retraite et père de Thomas.
La Croze, un hameau coupé du monde
Au fil de l’eau, il suffit parfois de lever un peu la tête pour surprendre des indices de vie cachée comme un petit téléphérique suspendu entre deux rives. Il sert à transporter les courses et les bagages au hameau de la Croze. Situé sur la rive gauche, il est inaccessible par la route et entièrement privé.
“Un homme originaire de Millau est tombé amoureux de l’endroit”, relate Gilles Fages, le gardien des lieux. “Il a racheté les maisons les unes après les autres et les a entièrement restaurées. Aujourd’hui, ce sont les héritiers qui en profitent, c’est devenu leur village de vacances. Ils viennent à 25-30 personnes en juillet et en août.”
Le village est entièrement composé de maisons de pierres aux toits de lauzes, typique de la région. C’est-à-dire des pierres calcaires taillées et posées sur des voûtes, elles aussi, en pierres. Le hameau n’est ouvert au public qu’une fois dans l’année, à l’occasion des journées du patrimoine.
Le Pas-de-Soucy, les pieds dans l’eau
Au cœur de la saison touristique, les Gorges du Tarn sont parfois victimes de leur succès. Chaque jour, des milliers de canoës et de randonneurs aquatiques descendent les gorges jusqu’au Pas-de-Soucy. Un site aussi majestueux que dangereux aux confins de la Lozère et de l'Aveyron.
Mais ce chaos rocheux peut aussi se visiter les pieds dans l’eau avec un encadrement adéquat. La randonnée aquatique est une formule de canyoning en version familiale, trois heures de balades au cours desquelles les plus intrépides pourront traverser des siphons, se laisser porter par des rapides ou sauter depuis les falaises.
“C’est énorme ! C’est la première fois que je saute de si haut, c’est impressionnant, c’est de l'adrénaline, mais c’est bien, c’est fort !” réagit un vacancier venu d’Angers avec sa femme qui elle s’émerveille du paysage : “le lieu est vraiment très beau ! Si je le compare aux Gorges du Verdon, je préfère celui-ci. J’aime les obstacles sur le parcours, l’eau est transparente ! C’est vraiment magnifique !”.
Le chaos du Pas-de-Soucy est interdit à la baignade et à la navigation, le courant y est trop important.
Descente en paddle sous les étoiles
Pour percer les secrets les mieux gardés des Gorges, mieux vaut attendre la fin du jour… et avoir quelques notions d’équilibre. Car la balade se fait en paddle sur une dizaine de kilomètres. Au programme : quelques rapides, mais aussi et surtout la découverte d’un paysage qui se métamorphose avec le coucher du soleil.
Touristes et canoës désertent les lieux, et les animaux nocturnes font leur apparition, pour le plus grand bonheur des aventuriers : “C’est original, on a les pagaies qui s’éclairent. On attend la tombée de la nuit, on espère voir des castors”, confie l’un d’eux. “C’est paisible, on entend l’eau qui coule. Ça en journée, on ne l’entendra pas parce qu’il y a beaucoup plus de cohue”, confie un batelier qui tente l’expérience pour la première fois avec sa compagne : “On entend tous les bruits de la nature, c’est vraiment que nous et le silence autour… On s’en souvient”, précise-t-elle.
Les balades sont organisées tout l’été.