Un garde moniteur sur le massif du Mont-Lozère a filmé la ponte d’une Rosalie des Alpes début juillet 2023. Une observation rare de l’espèce inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature au titre d’espèce vulnérable.
Considérée comme l’un des plus beaux coléoptères de France, la Rosalie des Alpes a été repérée par Benoît Deffrennes, garde moniteur sur le massif du Mont-Lozère à Bougès (48). Captivé par le bleu sur un hêtre mort sur pied, il a pu assister à une ponte de l’insecte. Un instant intime qu’il a capté pour le plus grand plaisir des curieux. La femelle dépose ses œufs dans des cavités du bois en évitant les zones trop sèches.
Avec son ovipositeur, cette trompe située à l'extrémité de l'abdomen, elle prend la mesure de son support, un arbre majestueux, qui a rendu son dernier souffle. Elle réalise cet exercice avec une lenteur mêlée de délicatesse, par tâtonnements, explorant avec son organe la complexité du tronc séché qui regorge d'aspérités. Son ovipositeur s'allonge encore et s'enfonce dans les profondeurs du hêtre patriarche, puis il est épris de contractions régulières durant de nombreuses minutes... Dame Rosalie y dépose la vie.
Benoît DeffrennesGarde moniteur sur le massif du Mont-Lozère
Le développement des larves débute ensuite dans du bois dépérissant et se poursuit dans le bois mort, durant près de trois années. Les larves sont xylophages et se nourrissent de bois mort, c’est pour cela que les œufs sont déposés dans les anfractuosités et dans les blessures des vieux arbres. La métamorphose de la larve a lieu en été.
Une observation rare
Cette espèce emblématique est rare et protégée. Elle est inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au titre d’espèce vulnérable.
En plaine, la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) est menacée par la raréfaction des bois propices à la ponte. Dans les hêtraies de montagne, la principale menace pour la Rosalie des Alpes est l’exportation des pontes. En été, les tas de bois en bord de route sont très attractifs pour les femelles qui viennent y pondre. Mais ces pontes sont vouées à l’échec, car l’export de ces bois en scierie détruit de nombreux œufs et insectes.
Depuis la première observation en 1978, le Parc national des Cévénnes a recensé à ce jour 170 observations réparties sur 22 communes du territoire.
La Rosalie des Alpes appartient à la famille des Cerambycidés, aussi appelés "longicornes", en raison de leurs antennes souvent impressionnantes. Cet insecte, d’une longueur de 2 à 4 cm, présente en effet, une coloration remarquable (bleu gris velouté, tacheté de noir), rendant la confusion impossible. Les mâles se distinguent des femelles par leurs longues antennes qui dépassent nettement le corps et par leurs mandibules plus proéminentes.