Au quatrième jour du procès en appel de Laurent Dejean devant la cour d’assises du Tarn, plusieurs personnes de son entourage ont été appelées à témoigner. Des amis et un co-détenu. Ils confirment que l'accusé avait une Clio mais depuis Laurent Dejean l'a reconnu.
Laurent Dejean est accusé du meurtre de Patricia Bouchon à Bouloc en février 2011. La quinquagénaire a été violemment frappée alors qu’elle faisait son footing quotidien vers 4h30. Son corps a été retrouvé le 29 mars 2011 mais il n'y a aucune trace d’ADN exploitable. Le jour du meurtre, un témoin a vu la joggeuse puis un homme au volant d’une Clio blanche, tous feux éteints en plein milieu de la route. Après avoir longtemps nié avoir possédé ce type de véhicule, Laurent Dejean a fini par le reconnaître.
Pourquoi Laurent Dejean a menti sur le fait d’avoir une Clio ? Comment s’en est-il débarrassé ? Comment se comportait-il avec son entourage ? Avait-il changé après le meurtre de Patricia Bouchon ? Plusieurs témoins ont été interrogés ce jeudi pour parler de celui qu’ils ont côtoyé à Bouloc ou ailleurs.
"Il m'a toujours dit qu'il était innocent"
Le premier témoin s’exprime en visio-conférence depuis la prison de Béziers où il est incarcéré. Cet homme a été le co-détenu de Laurent Dejean il y a cinq ans. Dans la cellule, ils étaient trois. Il y avait aussi Guerric Jehanno (condamné depuis par la cour d'assises du Tarn pour le meurtre d’Amandine Estrabaud). Vincent J avait écrit au juge d’instruction pour dire que Laurent Dejean s’était confié à lui. Il avait bien une Clio blanche et il l’avait découpée et apportée chez un ferrailleur.
-"Vous avez été convoqué chez le juge, vous en souvenez-vous demande le président de la cour d'assises ?"
-"Pas trop".
-"Laurent Dejean vous a dit comment il a eu cette Clio et quand ?"
-"Je ne sais pas".
-"Aviez-vous parlé de l’affaire (Bouchon) avec lui demande le président ?"
-"Oui, il m’a toujours dit qu’il était innocent".
Interrogé sur la raison qui l’a poussé à écrire au juge, le témoin reconnaît : "c’était donnant-donnant. Je témoignais et il me faisait sortir."
-"Il y a eu une bagarre entre Laurent Dejean et Guerric Jehanno au sujet d’un matelas au sol car vous étiez trois dans cette cellule. C’est Laurent Dejean qui a le dessus demande l’avocate générale ?"
-"Oui, il y a eu une bagarre mais je ne sais plus pourquoi", dit le témoin.
-"C’est Guerric Jehanno qui m’a giflé, il m’a percé le tympan gauche", dit Laurent Dejean quand vient son tour des’exprimer.
"Concernant la Clio je m’en suis débarrassé chez un casseur, c’est une autre Clio que j’ai découpée".
Un peu plus tard aux questions sur son comportement, il reconnait : "oui, je réponds aux gens, je suis un peu brusque mais je n'en suis jamais venu aux mains. "Et quand la crise est passée vous vous excusez demande le président de la cour d'assises ?" "Oui, je me suis toujours excusé quand j'ai fait une erreur", répond l'accusé. Ces questions sont en lien avec les déclarations de deux habitants de Bouloc qui ont entendu un homme s'excuser sur les lieux du meurtre de Patricia Bouchon.
"A Fronton, il y en avait beaucoup qui ressemblaient au portrait-robot"
Le deuxième témoin est un ami de Bouloc. Jean-Luc de Biasi connaissait Laurent Dejean depuis longtemps. Et puis, ils ont cessé de se voir car Laurent a changé du jour au lendemain dit-il.
-"Il est venu chez moi un jour à 5h du matin, il voulait des cigarettes. Il m’a agressé. Ma mère s’est levée, elle a eu peur."
-"Vous avez expliqué, lui demande le président, que quand ‘il pétait un câble’ il s’excusait ?"
-"Oui, il pleurait même, il disait pardon, pardon."
-"Quand on vous interroge en décembre 2013 sur Laurent Dejean demande l’avocat de la défense, vous dîtes : 'Beaucoup de monde à Fronton en parle et le désigne comme le coupable'".
-"Oui c’est vrai".
A l’époque, fin 2013, Laurent Dejean n’a pas encore été mis en examen mais un portrait-robot vient d’être diffusé dans les médias et la rumeur semble aller bon train à Bouloc et à Fronton.
C’est ce que confirme un troisième témoin qui s’exprime par visio-conférence depuis la prison de Seysses près de Toulouse. Il a, lui aussi, dit aux enquêteurs que Laurent Dejean avait possédé une Clio blanche et qu’il a pensé à lui quand il a vu le portrait du meurtrier présumé de Patricia Bouchon dans les médias. Mais ajoute-t-il "il y en avait beaucoup qui ressemblaient au portrait-robot à Fronton."
Le procès en appel de Laurent Dejean doit durer deux semaines devant la cour d'assises du Tarn. En première instance, en 2019, devant la cour d'assises de la Haute-Garonne, il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.