Meurtre de Patricia Bouchon : une Clio, des cailloux, un portrait-robot au cœur du procès en appel de Laurent Dejean

Au troisième jour du procès en appel de Laurent Dejean accusé du meurtre de Patricia Bouchon, la cour d’assises du Tarn a entendu le médecin légiste. L’agression a été violente et rapide mais les preuves matérielles sont inexistantes. Restent de nombreux indices troublants.

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Le corps de Patricia Bouchon a été découvert le 29 mars 2011 par un habitant de Villematier à une dizaine de kilomètres de Bouloc. L’homme est à la recherche d’un chien perdu le dimanche précédent. On lui signale un animal errant. Il va voir et découvre un corps en partie immergé dans un fossé sous un pont.

Cet homme qui habite à proximité indique qu’il a vu une voiture à ce même endroit le 14 février jour de la disparition de Patricia Bouchon. Il se souvient du jour car c’est la Saint Valentin et l’anniversaire de sa compagne précise-t-il devant la cour d’assises du Tarn. "A mon arrivée, le véhicule est parti très vite", dit-il. Quinze jours plus tard, il repère également un véhicule utilitaire à proximité des lieux. En s’approchant, le conducteur se cache le visage. Plus tard à la gendarmerie, on lui présente des photos avec une douzaine de personnes, il désigne le numéro 7. Il s’agit de Laurent Dejean.

Des cailloux comme arme du crime ?

Après plusieurs semaines passées dans l’eau, le corps est dégradé. Impossible de dater le décès dit le médecin légiste appelé à la barre ce mercredi après-midi. Concernant les causes de la mort, Patricia Bouchon est décédée des suites d’une asphyxie. Une lésion du rachis cervical qui peut être provoquée par une strangulation avec le coude. Elle a été frappée violemment au visage avec un objet contendant, cela peut être un bâton ou un caillou explique l’expert.

Les cailloux justement, il en a longuement été question ce mercredi après-midi à l’audience. Laurent Dejean avait en effet parlé de cailloux lors de l’enquête, affirmant avoir remarqué deux galets de Garonne manquants sur le chemin sur lequel se serait déroulée l’agression de Patricia Bouchon. Une déclaration étrange qui incite le président de la cour d’assises à lui demander des explications.

-"Vous avez dit, cette pauvre dame a été tabassée avec des galets. Pourquoi vous avez évoqué cette hypothèse ?"
-"Je ne sais pas j’ai dit ça comme ça, peut être que c’est l’arme du crime, je ne sais pas."
-"On ne sait pas trop pourquoi vous parlez des cailloux aux gendarmes..."
-"C’est juste des cailloux, pour moi ça n’a pas d’importance".

La Clio aperçue par un témoin le jour de l'agression de Patricia Bouchon

Le président de la cour d’assises s’intéresse aussi beaucoup depuis le début de l’audience aux déclarations de Laurent Dejean lors de l’enquête concernant sa Clio. Pendant très longtemps, l’accusé a toujours nié avoir eu une Clio blanche. Puis, il a reconnu en avoir possédé une devant le juge d’instruction et a encore changé d’avis. Or, un témoin affirme avoir croisé Patricia Bouchon en train de faire son jogging à 4h30 du matin le jour de sa disparition et juste après un homme au volant d’une Clio, tous feux éteints au beau milieu de la route. Il décrit un homme qui ressemble à Laurent Dejean.

-"Le 12 janvier 2012, vous êtes interrogé pour la première fois monsieur Dejean, vous n’êtes pas en garde à vue. Vous parlez de la Fiat Punto blanche qui est chez votre mère, pourquoi vous ne parlez pas de la Clio ?"
-"Je ne sais plus, ça fait dix ans. Parce que je n’avais pas de carte grise".
-"Pourquoi devant le juge vous reconnaissez avoir une Clio et puis vous changez d’avis ?"
-"Pour me protéger de la justice".

Le président insiste. Laurent Dejean s’agace un peu mais répond.

-"Pourquoi vous me posez la question sans cesse monsieur le président ? Vous tournez autour du pot".

Le président insiste encore et tente d’obtenir des réponses au sujet de cette Clio qui d’ailleurs ne sera jamais retrouvée car Laurent Dejean s’en est débarrassé quelques mois après l’avoir achetée.

Vous l’avez acheté quand, à qui ? Combien de temps vous l’avez gardée ? L’avocat de Laurent Dejean se lève, demande la parole et tient à faire une mise au point pour les jurés face à l’insistance de ces mêmes questions depuis plusieurs jours. "Il est légitime quand un accusé comparait qu’on lui demande des explications commence maître Chebbani. "Mais c’est à l’institution qui le poursuit de démontrer qu’il a commis un crime. Il ne faudrait pas basculer dans un système de présomption de culpabilité. Le risque, c’est de dire à l’accusé si vous vous expliquez mal vous serez condamné".

Le président le rassure. "Je m’assurerai que ce n’est pas parce qu’il ne s’explique pas bien que l’on devrait le considérer comme coupable," dit Noël Picco.

L’avocate de la famille Bouchon, Lena Baro, prend la parole à son tour et s’adresse à Laurent Dejean.

-"Il y a les jurés monsieur Dejean mais aussi des parties civiles qui cherchent à comprendre. Ils attendent des explications".
-"Oui, répond l’accusé je comprends pour la famille Bouchon. J’ai fait six ans et demi de prison mais c’est pas grave je rattraperai le temps perdu".
-"Eux ne rattraperont jamais le temps perdu", répond l’avocate.                       

Laurent Dejean a été condamné par la cour d'assises de Haute-Garonne en 2019 à 20 ans de réclusion criminelle. Son procès en appel devant la cour d'assises du Tarn s'est ouvert lundi 28 juin pour 2 semaines.

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