Info France 3 Occitanie / 100% Radio - Interpellé le 20 février 2018, par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), l'Albigeois Mohamed B. était accusé d’être impliqué dans les attentats espagnols de 2017. Il vient d'être relâché. Les enquêteurs espagnols se sont trompés.
Il a suffi d’un mauvais numéro de téléphone, une erreur des mossos d’esquadra catalans dans leur enquête sur les attentats espagnols, à Barcelone et Cambrils en 2017, pour envoyer l’Albigeois Mohamed B. en détention. Avant de le libérer 9 mois plus tard.
Porte défoncée au petit matin. Impressionnant dispositif policier. En ce 20 février 2018, ce père de famille est interpellé dans son appartement, près du centre-ville d’Albi (Tarn), par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), sous les yeux apeurés de ses enfants, de sa compagne et de ses voisins.
Trois jours plus tard, le Marocain, alors âgé de 31 ans, est mis en examen, à Paris, pour association de malfaiteurs terroristes.
Peu d’informations filtrent sur les raisons de cette incarcération. Seul élément connu et révélé par France 3 Occitanie et 100% radio : Mohamed B. et un autre individu de Gaillac (Tarn) étaient en lien direct avec des auteurs présumés des attentats espagnols.
Depuis plusieurs mois, l’Albigeois multipliait les voyages de l’autre côté des Pyrénées, jusqu’à ce qu’il soit contrôlé, en juillet 2017, par la police espagnole à Ripoll avec son ami d’enfance, un certain Driss Oukabir. L’un des derniers suspects encore vivants de l’attentat de Barcelone.
Un numéro de téléphone au coeur de l'enquête
Début décembre 2018, dans deux articles, la presse espagnole apporte de nouveaux éléments à charge contre Mohamed B. Selon Vozpópuli, dans une conversation Facebook, Driss Oukabir et son frère Moussa, 17 ans, tué par un policier lors de l’opération de Cambrils, évoquent un certain « Moha Crex », à contacter d’urgence, et qui selon les enquêteurs aurait été « au courant des préparatifs en vue de la réalisation d’un attentat. »La police catalane s’appuie sur un numéro de téléphone français pour identifier l’individu. « Moha Crex » se nommerait Mohamed B.
Les Mossos d’Esquadra soulignent également dans leur rapport que ce numéro de téléphone, que l’Albigeois aurait utilisé pour réserver une chambre d’hôtel à Figueres et à Ripoll quelques jours avant les attentats, est le même que celui fourni par Mohamed Hichamy, un autre djihadiste décédé à Cambrils, lors de la location d'un fourgon.
L'erreur des enquêteurs espagnols
Mais le 18 décembre 2018, tout s’effondre. Dans un rapport rectificatif, les enquêteurs espagnols font savoir à la justice française « que Mohamed B. n’avait en fait jamais utilisé cette ligne » téléphonique. Face à l’erreur des policiers catalans, l’Albigeois est libéré deux jours plus tard.Les investigations de la police française n’ont pas permis de démontrer que Mohamed B. était une personne radicalisée. Mais des interrogations subsistent sur les raisons de ses contacts avec les frères Oukabir.
Des liens d’amitié, datant de leur enfance commune au Maroc, et des affaires de stupéfiants peuvent en partie expliquer ces attaches.
Placé sous contrôle judiciaire
"Mohamed B. a toujours clamé son innocence, souligne l'un de ses avocats, Moad Nefati. Il remercie le juge d'instruction français saisi du dossier car il a pu faire la part des choses entre informations erronées transmises par les autorités espagnoles et ses propres déclarations qui ont pu être vérifiées."En attendant, pour la justice des doutes restent à lever. Après avoir passé neuf mois derrière les barreaux, le Marocain, aujourd'hui, âgé de 32 ans reste mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Il a pu retrouver sa famille mais il lui est interdit d' entrer en relation avec plusieurs personnes installées dans le Tarn.