En Occitanie, plus d’un tiers des jeunes vivent en milieu rural. Pour eux, les établissements d’enseignement sont souvent plus difficiles d’accès et leur scolarité plus courte. C’est ce que confirme une étude de l’Insee. Détails et interprétations.
Tout d’abord de qui parle-t-on quand on dit jeunes ruraux ? Ils étaient près d’un million et demi (âgés de 3 à 24 ans) en région Occitanie au 1er janvier 2018. Leur pourcentage varie énormément d’un département à l’autre, 21% dans l’Hérault et jusqu’à 81% dans le Gers.
Un quart des jeunes occitans habitent en zone rurale
Plus ils grandissent, moins ils restent vivre dans leurs campagnes. A 17 ans, 40% des jeunes occitans vivent en zone rurale. Un an plus tard, ils ne sont plus que 27% selon cette étude menée par Magali Flachère et Laurent Frénois.
« Leur lieu d’études est souvent plus éloigné de leur domicile qu’en milieu urbain » précise logiquement les auteurs. Et plus leur scolarité avance, plus les chances de trouver un établissement près de chez eux diminue. Si trois écoliers sur dix quittent leur commune rurale pour étudier, ils sont huit collégiens sur dix et neuf sur dix pour les lycéens.
« Il y a peu de chance que ça change » commente Mélanie Gambino. « Même s’il y a un déploiement de collèges dans certains départements, ça ne suffit pas. Cela correspond aussi à l’implantation des bassins de vie » décrypte la maîtresse de conférence en Géographie à l’université Toulouse2.
Plus d’apprentis
A 18 ans, un jeune rural sur cinq seulement quitte son domicile pour aller poursuivre ses études supérieures en ville. « Il faut voir sur quoi s’appuie l’étude, le recensement par exemple » commente Florian Barès. « Pour certains, ça peut faciliter la vie de rester domicilié chez leurs parents pour l’aspect administratif notamment. Mais d’un autre côté, ça peut aussi montrer la difficulté d’accès au logement » explique le coordinateur de l’Université Rurale de Quercy-Rouergue.
Plus de la moitié des jeunes ruraux qui quittent leur domicile emménage notamment dans des villes très denses et bien fournies en universités comme Montpellier ou Toulouse. Les autres n’abandonnent pas pour autant leurs études mais s’inscrivent sur des cycles plus courts.
A 18 ans, les trois quarts d’entre eux sont encore inscrits dans un établissement d’enseignement. Les jeunes vivant à la campagne ou à la montagne s’orientent plus fréquemment vers l’apprentissage. 11% des 16-24 ans chez eux contre 7% chez les urbains du même âge.
Il faut faire en sorte de ne pas leur proposer toujours les mêmes formations trop ancrées dans les productions locales
Mélanie Gambino, maîtresse de conférence en géographie
Ce sont surtout les jeunes qui ont déjà obtenu un diplôme professionnel comme un CAP, BEP ou Bac Pro, un BTS ou même un DUT qui choisissent ensuite de devenir apprentis. « Il s’agit aussi souvent de jeunes issus de milieux modestes qui veulent aller vers des recherches d’emploi rapides » souligne Mélanie Gambino.
Et la géographe de mettre en garde : « Il faut aussi faire en sorte de diversifier les offres et de ne pas leur proposer toujours les mêmes formations trop ancrées dans les productions locales comme l’agriculture, la foresterie, les services à la personne… »
« D’un autre côté il y a aussi des universités comme celle d’Albi qui permet aux jeunes ruraux alentours, parfois boursiers, de pouvoir continuer à suivre des études généralistes » note Florian Barès. Pour ordre d’idée, un jeune rural sur 10 est encore étudiant à 24 ans. Les jeunes urbains sont trois fois plus nombreux.
Combien sans diplôme ?
Un jeune rural sur dix est encore étudiant à 24 ans. Les jeunes urbains sont trois fois plus nombreux. Ce que ne précise pas cette étude de l’Insee en revanche, c’est le nombre de jeunes ruraux qui quittent le système scolaire sans diplôme. « Certains pensent qu’ils vont s’insérer plus facilement à proximité de chez eux, mais se retrouvent piégés ».
« Pour eux, c’est la double peine, pas de diplôme donc pas d’emploi et la précarité » souligne Mélanie Gambino. « Plus que des inégalités territoriales, ce sont là des inégalités sociales que l’on peut reproduire » conclut la chercheuse du Laboratoire des Dynamiques Rurales de l’université Jean Jaurès.