Dans une lettre ouverte au chef de l’Etat, un collectif de maires et d’associations lancent un "appel au secours" au Président de la République. Ils alertent sur"la détresse sociale et économique qui frappe leurs communes" accentuée par la crise sanitaire.
Hausse des demandes d’aides alimentaires, du RSA, augmentation du chômage et diminutions massives des inscriptions dans les associations culturelles et sportives. Dans la lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, en date du 14 novembre, le collectif de maires dénonce l’accroissement de la précarité sur leur territoire. Parmi ces 105 signataires, les maires d’Albi et Cahors, Stéphanie Guiraud-Chaumeil (DVD) et Jean-Marc Vayssouze-Faure (PS).
Dans ce courrier intitulé : "lettre ouverte au Président de la République pour l’égalité républicaine de nos quartiers populaires", maires, présidents d’agglomérations et associations expriment le sentiment de "non-assistance à territoires en danger".
Trois ans après l’annonce, à Tourcoing, d'Emmanuel Macron du "plan de mobilisation nationale" pour les quartiers populaires, le collectif déplore le manque d’initiatives.
Le maire de Cahors et président des maires de France 46, Jean-Marc Vayssouze-Faure, explique ne pas avoir l'habitude de signer ce genre d'appel, "je m'inscris dans cette démarche pour interpeller le Président. C'est un appel au secours des élus, des associations, de tous acteurs sur le terrain. A Cahors, la précarité est peut-être moins marquée que dans certaines villes mais la crise sanitaire touche plus durement ceux qui étaient déjà fragilisés, affaiblis".Au regard de la situation actuelle, force est de constater que l’ambition que vous aviez formulée de "changer le visage(…) d’ici la fin du quinquennat"a fait long feu.
On doit agir dès maintenant, car à la sortie de la crise Covid on risque d'avoir une fracture plus importante entre ceux qui repartent et ceux qui décrochent, il faut se mobiliser dès aujourd'hui, 1% sur les 100 milliards d'euros ce n'est pas non plus une demande surdimensionnée.
@CommuneAmbition s’associe à l’appel lancé par 110 maires et responsables associatifs pour interpeler la majorité municipale de #Tourcoing : « En dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance ». #COVID19 https://t.co/axmUJ5eJap
— Ambition Commune (@CommuneAmbition) November 15, 2020
Eviter la fracture sociale
Cette tribune est un appel au secours lancé au chef de l’Etat : "Les villes et quartiers restent un angle mort du plan de relance : aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes. Pire, la surmortalité Covid y est malheureusement démontrée. La précarité du travail s’accélère alors même que les habitants ont été en première ligne".La maire de Cahors relève une accumulation des difficultés sur sa commune.
Dans le contexte actuel, il y a une baisse de 30% d'inscriptions dans les associations culturelles et sportives, c'est un signe, les services sociaux nous alertent là-dessus, on connaît les profils de ces personnes. L'aide alimentaire est plus importante aujourd'hui avec notamment l'arrivée de nouveaux publics, plus jeunes. Le chômage, le RSA aussi augmentent, tout cela est pour le moment maintenu, sous perfusion, mais j'ai des craintes pour l'après crise sanitaire. Il faut éviter la fracture sociale, éviter de creuser davantage les inégalités dès que la relance économique sera là il est important de n'oublier personne.
En Occitanie, la pauvreté et la précarité sont en progression. Le second confinement dû à l'épidémie de coronavirus va accroître la précarité. A Toulouse, les stocks de la Banque alimentaire sont au plus bas et le nombre de bénéficiaires est en augmentation.
"Nous n'avons plus rien !". L'appel de la BA de Toulouse relayé par @duchampt et @France3MidiPy #solidarite #dons #giletsorange https://t.co/D3KJ5bqWUo
— Banque Alimentaire Toulouse (@BanqueToulouse) November 3, 2020
La crise économique engendrée par la Covid provoque l'explosion du nombre de pauvres en France, une crise qui a fait basculer un million de personnes dans la pauvreté. En 2020, la France franchira la barre des 10 millions de pauvres.
Pression avant le vote au parlement du Plan de Relance
En dressant le constat de l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, le collectif parle dans sa lettre d'un autre "virus" celui "du décrochage à la République" dans les quartiers.
"Il serait irresponsable de nier que la haine et le repli sur soi prospèrent à mesure que la rupture sociale et la pauvreté augmentent(…) partout sur le terrain, les signaux sont au rouge", explique-t-il dans cette lettre.Un constat que fait aussi le maire de Cahors.
dans des quartiers difficiles, l'éducation à distance crée des inégalités, l'accès au système de santé est moins évident, ces personnes précaires décrochent plus facilement, se retrouvent parfois isolées. Notre société est aujourd'hui confrontée à l'islamisme radical, au communautarisme...nous y sommes confrontés, ce sont des informations de terrain que le Président Macron doit entendre pour qu'ensemble nous agissions
Le collectif propose la signature d’un pacte de confiance "pour faire gagner la République". Ce nouveau pacte de confiance devra d’abord reposer sur le vote au Parlement du Plan de Relance. "Il est en effet crucial que ce plan de 100 milliards d’euros consacre et sanctuarise 1% pour les territoires en décrochage"
Mobilisation des élus et des associations
L'une des solutions avancée dans ce courrier est la création d’un Conseil National des Solutions composé d’élus, d’associatifs, de fonctionnaires, d’entrepreneurs et d’universitaires bénévoles. Ce comité aura pour but de promouvoir et d’identifier des solutions qui marchent sur le terrain en matière d’emploi, de citoyenneté d’éducation, de sécurité, de mobilité, de logement…. Sa première mission sera de mettre en place des collectifs pour l’emploi et la formation dans les 100 villes les plus pauvres de France."Les 10 millions de nos compatriotes des villes pauvres ou en voie de paupérisation revendiquent le souhait de faire partie intégrante de la République", concluent-ils à la fin de leur lettre.
Suite à ce courrier, maires, présidents d'agglomération et associations espèrent rencontrer le Président de la République.
On doit pouvoir se mettre autour d'une table, travailler ensemble. Dans le contexte actuel c'est une histoire de mobilisation, le Conseil National que nous voulons créer est un moyen efficace pour trouver des solutions et partager des initiatives qui ont fait leur preuve sur le terrain. Il faut nous aider à travailler dans les quartiers, mettre en place plus de dispositifs éducatifs, plus de suivi avec les familles, la relation de proximité est fondamentale et pour cela il nous faut des moyens, des associations, des agents du service public sur le terrain.
Le collectif rappelle l’importance d’associer à ces mesures une "revalorisation des moyens de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine afin de pouvoir investir massivement dans la qualité du cadre de vie".