Le procès Merah, une douloureuse épreuve pour les familles de victimes

Parents, grands-parents, frères ou soeurs des victimes du terroriste à Toulouse ou Montauban assistent en silence aux débats à Paris. Mais tous n'attendent pas la même chose de ce procès. 

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La longue litanie des témoignages des policiers toulousains devant la Cour d'assises spéciales, décrivant dans la détails les scènes de crimes des 11, 15 et 19 mars 2012 sont pour eux des épreuves. Les détails médico-légaux longuement exposés par les médecins légistes ce jeudi matin, une souffrance supplémentaire. 

Maman, frère, soeur, grands-parents des victimes de Mohamed Merah, ils assistent au procès depuis lundi 2 octobre mais ne réagissent pas tous de la même manière.

Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes de la fusillade dans l'école juive, est assis, impassible. Mais le calme apparent du vieil homme cache une sourde colère : "Ce sont tous des pourris, qu'ils finissent de pourrir, a-t-il déclaré lundi à l'ouverture du procès. Il est temps de s'intéresser aux victimes et pas à ces pourris"

Non loin de lui, Latifa Ibn Ziaten, dont le fils, militaire à Toulouse, a été la première victime de Merah, essuie régulièrement ses larmes, pendant les audiences, quand les circonstances de la mort de son fils sont évoquées. Mais avec sa famille, malgré la douleur, celle qui a créé une association pour la mémoire d'Imad et pour la paix veut "rester debout". Ne pas s'effondrer malgré la douleur et les larmes. Des membres de la famille prennent des notes, suivent attentivement les dépositions des témoins, les interrogatoires des accusés. 

Jeudi matin, lors de la déposition des médecins légistes qui ont autopsié les corps des victimes, Latifa Ibn Ziaten est sortie de la salle au moment où l'on évoquait la mort de son fils. En larmes. 

Quant à Albert Chennouf-Meyer, père du soldat Abel Chennouf tué à Montauban, qui bataille depuis 2012 contre l'Etat français qu'il juge co-responsable de la mort de son fils en raison des manquements des services de renseignement, il estime que ce procès "n'est pas le (sien)"

Ces parties civiles ont répondu aux questions des journalistes le jour de l'ouverture du procès. Une nuée de micros et de caméras. Beaucoup de questions posées, toujours les mêmes réponses. Mais il s'agit aussi pour ces familles de ne pas laisser la défense être la seule à s'exprimer, surtout quand la mère des frères Merah répond elle aussi aux journalistes, comme ce fut le cas lundi. Son bref passage lundi dans la salle de la Cour d'assises (avant son témoignage prévu le 18 octobre), a donné lieu à un échange de nom d'oiseaux avec Samuel Sandler. 

Pour d'autres parties civiles, s'exprimer devant la presse, c'est trop dur. Les parents du soldat Loïc Liber, "le survivant de Montauban", touché à la colonne vertébrale et laissé pour mort par Merah, désormais tétraplégique, suivent le procès avec attention mais dans le silence. Leur fils a échappé à la mort mais leur souffrance est infinie. Emilienne, la maman, est assise au deuxième rang des bancs des parties civiles. 

De même pour la famille du soldat Mohamed Legouad, dont sa mère, assise au premier rang. Leur regard se porte presque en permanence sur le box des accusés et particulièrement sur le frère du terroriste, Abdelkader Merah. Lui, en revanche, est presque toujours tourné, de trois quarts, vers la Cour et le président. Tournant ainsi le dos aux familles des victimes assises dans la salle. 

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