Ce col, niché dans le massif des Albères entre la France et l'Espagne, est fermé à la circulation depuis janvier 2021, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l'immigration illégale. Une décision dénoncée par les élus et les habitants, des deux côtés de la frontière.
Une soixantaine de personnes, dont de nombreux élus, se sont rassemblées samedi au col de Banyuls sur la frontière franco-espagnole, fermé depuis janvier 2021, pour réclamer sa réouverture, a constaté un correspondant de l'AFP. A l'initiative de l'association "Albères sans frontières", du nom du massif où se trouve le col, plusieurs élus en provenance des deux côtés de la frontière se sont réunis au sommet de ce col, situé sur la route reliant Banyuls (Pyrénées-Orientales) à Espolla, dans la communauté autonome de Catalogne voisine.
"Ce sont les pierres de la honte" a affirmé le maire de Banyuls-sur-Mer, Jean-Michel Solé, devant les rochers obstruant le passage du col, fermé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l'immigration illégale.
Dès jeudi, Rodrigue Furcy, le préfet des Pyrénées-Orientales, a coupé court aux espoirs des partisans de la réouverture du passage en expliquant avoir annoncé "à l'association 'Albères sans frontières' et aux élus du territoire qu'il n'envisage pas de rouvrir le col avant la fin de l’année 2022". "Il a également indiqué qu'il entendait, dès que possible, procéder à cette réouverture dont il comprend toute la portée", ajoute la préfecture dans un communiqué.
Suite à cet échange, l'association "Albères sans frontières" a annoncé vendredi 28 octobre "son recours contentieux devant le tribunal administratif de Montpellier en vue de l’annulation de l’arrêté préfectoral portant fermeture du col de Banyuls".
Lors du rassemblement samedi, le sénateur Les Républicains des Pyrénées-Orientales François Calvet a dit vouloir porter en janvier "une motion pour demander aux Etats français et espagnol d'ouvrir ce passage" l'affaire jusqu'au Conseil de l'Europe, dont il est membre de l'Assemblée parlementaire.
"C'est incompréhensible"
Samedi 29 octobre, le député européen espagnol Jordi Solé a expliqué que cette fermeture "va à l'encontre du droit européen et de la jurisprudence du droit européen". Il a invité les maires présents à venir à Strasbourg, où siège le Parlement européen, pour conduire une action.
"C'est incompréhensible, c'est une aberration", abonde François Calvet au micro de France 3 Occitanie. "Il y a 40 ans, nous avons fait, avec la complicité de l'Etat, un maximum de passages entre les deux Catalogne", retrace-t-il. "On nous a dit : 'C'est pour l'Europe, il faut ouvrir les frontières, il faut se battre pour ça.' Et aujourd'hui, on a mis des cailloux ici pour nous empêcher de passer." L'élu ne décolère pas : "C'est une atteinte à la liberté, aux droits humains, et aux traités européens."
Une décision sécuritaire
Alors que des travailleurs frontaliers ou saisonniers espagnols passaient par le col pour gagner du temps, nombre d'habitants de Banyuls prenaient la petite route pour faire des courses côté espagnol et y acheter notamment des cigarettes ou de l'alcool à meilleur prix.
A l'instar d'autres préfets des départements pyrénéens, celui des Pyrénées-Orientales a interdit à partir du 11 janvier 2021 la circulation sur cinq passages frontaliers, dont le col de Banyuls, invoquant "la menace terroriste" et les "mouvements soutenus" de migrants. "On nous explique que des migrants passent, mais la vérité, c'est que nous ne pouvons plus passer parce que l'Etat ne fait pas son travail", raille François Calvet. "C'est un exemple minable qui ne démontre pas une vraie politique de lutte contre l'immigration. Ce n'est pas ici qu'elle se passe", assure le sénateur.
Cette interdiction faisait suite à la venue dans le département, le 5 novembre 2020, du président Emmanuel Macron qui avait annoncé un durcissement des contrôles aux frontières.