Depuis neuf mois, cinq routes transfrontalières sont fermées par des blocs de béton sur arrêté préfectoral au nom de la lutte contre l’immigration clandestine, le risque terroriste et le trafic de drogue. A Banyuls-sur-Mer, l’exaspération monte chez les habitants qui ont dû changer leurs habitudes.
En janvier dernier, l’Etat annonçait la fermeture de cinq des douze axes secondaires des Pyrénées-Orientales entre la France et l’Espagne, dans le but de "lutter contre le terrorisme, les trafics, la contrebande et l’immigration clandestine". Des blocs de béton étaient installés pour bloquer le passage de la frontière et des unités mobiles déployées.
Voir notre reportage réalisé en janvier 2021.
Neuf mois plus tard, les blocs sont toujours là, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Riverains comme touristes !
Une perte de temps et d'argent
A Banyuls-sur-Mer, de nombreux habitants transfrontaliers avaient pour habitude de faire leurs courses en Espagne, traverser la frontière par le col plutôt que par le Perthus ou Cerbère était un gain de temps et d'argent non négligeable.
Vous allez à Figuère, vous passez par Port-Bou : 79 km, vous passez par le Perthus, par le col de Banyuls, 30, cherchez l'erreur !
"Vous allez à Figuère, vous passez par Port-Bou : 79 km, vous passez par le Perthus, par le col de Banyuls, 30, cherchez l'erreur !" se lamente un Banyulenc.
Fermée jusqu'à nouvel ordre
Par ailleurs, pour beaucoup, l'argument de la lutte contre l'immigration clandestine ne tient pas. "C'est inefficace parce que les clandestins peuvent passer par là où ils veulent, l'autre jour ils passaient par le front de mer, donc ça sert à rien, ça les empêche pas de passer", assène un habitant.
"Je pensais qu'on était en Europe et qu'on avait le droit de traverser à peu près toutes les frontières, je m'aperçois que c'est pas du tout le cas", regrette un frontalier.
Retrouvez d'autres témoignages dans notre reportage réalisé à Banyuls-sur-Mer.
Il n'est pour l'instant pas question de rouvrir la frontière. La préfecture des Pyrénées-Orientales a annoncé ce lundi dans communiqué que le col de Banyuls restera fermé "jusqu'à nouvel ordre", tout comme les autres passages secondaires. "Cette fermeture a pour objectif de limiter les moyens de franchissement de la frontière et de redéployer les forces de sécurité intérieure sur les points de passage les plus fréquentés, dans un contexte inédit de forte poussée de la pression migratoire et de risque terroriste toujours situé à un niveau élevé.".