Pour cause de crise sanitaire liée au coronavirus, les axes secondaires des Pyrénées entre la France et l’Espagne sont fermés depuis ce jeudi 9 avril. Une décision des élus locaux face au non-respect du confinement pendant ces vacances scolaires, notamment de nuit.
Des fenêtres aux volets fermés, dont les lumières s’éclairent soudain dans la nuit. Les résidences secondaires s'animent à la veille du week-end pascal en montagne. Dans les villages de Cerdagne et de Capcir, le phénomène s’amplifie en cette période de confinement mais surtout de vacances des deux côtés de la frontière.
C’est l’information relayée par les maires du secteur au président de la communauté de communes Pyrénées-Cerdagne Georges Armengol. Il explique : «A Osséja mais dans d’autres villages, les résidences secondaires reprennent vie. Hier soir, il y a encore eu des arrivées pendant la nuit. Des gens venus de France et beaucoup d’Espagne échappent aux contrôles et arrivent entre minuit et 6 h du matin !».
Des plots barrent les routes
Pour les élus locaux, il était temps de réagir. Depuis ce jeudi 9 avril, les chemins transfrontaliers qu’ils soient ruraux ou communaux, les routes départementales ont été matériellement barrés et ce jusqu’à nouvel ordre.«Les élus ont informé le conseil départemental et le sous-préfet de Prades de cette initiative. Nous étions à pied d’oeuvre ce matin. Des plots en ciment ont été placés pour fermés les accès », raconte Georges Armengol. Des obstacles solides pour éviter qu’ils ne soient déplacés. «Tout cela a été fait en concertation avec les élus de la Comarca de l’autre côté de la frontière », poursuit-il.
Une décision inédite que les élus n’ont pas prise de gaité de cœur.
La fermeture des liaisons secondaires entre l’Espagne et la France permet ainsi aux forces de l’ordre des deux pays de contrôler les tunnels du Cadi et Puymorens, mais aussi les axes principaux. «La route entre Bourg-Madame et Puigcerda reste ouverte mais contrôlée pour le passage des camions et des professionnels. C'est aussi le cas de la route internationale entre Ro, Saillagouse et Llivia.C’est indispensable de maintenir ces accès ouverts», rajoute Georges Armengol.La frontière est contrôlée mais nous n’avons à Saillagouse que 13 gendarmes et une quinzaine de douaniers. De l’autre côté de la frontière, les Mossos d’esquadra comptent 25% de malades. Comment assurer les contrôles sur tous les accès dans ces conditions ?
Un risque pour la population locale
Cette initiative intervient quelques jours après le coup de colère du directeur de l’hôpital transfrontalier de Puigcerda. Il s’indignait de la fréquentation de son établissement par 20% de patients qui ne vivent pas à l’année en Cerdagne. Une présence de vacanciers susceptible de déstabiliser l’organisation des soins.Un point de vue partagé par le maire de Saillagouse : «Le modèle de santé est structuré pour une population de 35.000 personnes. Nous parvenons à faire face à l’épidémie jusqu’à présent».
Le président de la communauté de communes appelle donc à une prise de conscience collective : «Je comprends qu’il soit difficile d’imaginer qu’un virus circule en Cerdagne. Le ciel est bleu, le soleil éclatant, le grand air pur. Mais les gens doivent comprendre que chacun de nous peut en être porteur et le diffuser».Plus il y a de population sur un territoire plus le virus se propage. Nous ne pouvons pas prendre ce risque.
Les élus de Cerdagne espèrent que cette mesure forte permettra un meilleur respect des règles de confinement dans cette crise du Covid-19.
Les axes coupés
- Palau-de-Cerdagne/Aja
- Boug-Madame/Aja
- Enveigt/Puigcerda
- Llivia/Urr
- Llivia/Angoustrine
- LLivia/Estavar (Chemin rural et RD33F)
- Erre/Corguja
- Latour-de-Carol/Guils de Cerdanya (à venir)