Ce dimanche 14 février, 5 millions et demi d'électeurs catalans sont invités à voter pour leur représentation régionale. Un scrutin dominé par deux incertitudes : le risque sanitaire et le poids relatif des formations indépendantistes.
Les Catalans sont appelés aux urnes ce dimanche 14 février, pour des élections anticipées au Parlement régional. D’abord repoussé au 30 mai par le gouvernement, choix motivé par la troisième vague épidémique qui frappe l’Espagne, le scrutin a finalement été maintenu par décision judiciaire. Mais la situation sanitaire continue de peser sur le vote et de diviser l’opinion publique.
La crainte du virus
Premier sujet d’inquiétude : la sécurité de ceux qui encadreront l’événement. Les personnes porteuses du virus ou placées en quarantaine auront le droit de se rendre à l’isoloir, sur un créneau d’une heure juste avant la fermeture des bureaux. Alors que les assesseurs sont tirés au sort, ils ont été nombreux à avoir essayé de se désister. Et ce, quand bien même le gouvernement assure avoir respecté toutes les précautions : tests antagéniques et masques FFP2, respect des distances, locaux aérés voire ouverts…
"Je crois que c’est un peu risqué pour les assesseurs de bureau, estime malgré tout une passante rencontrée à Gérone quelques jours avant le scrutin. Ils auraient dû reporter l’élection." Un avis que ne partagent pas tous ses concitoyens : "Si les médecins travaillent auprès des malades du Covid, les assesseurs de bureau peuvent aussi le faire car ils seront protégés par un Plexiglas et l’équipement adéquat", contrecarre un homme en costume.
L’autre motif de préoccupation engendré par le contexte épidémique concerne l’abstention. Selon les enquêtes d’opinion, elle pourrait dépasser les 40 % - sur un total de 5,5 millions de voix potentielles. C’est la crainte de cet autre électeur : "Je pense que beaucoup de personnes n’iront pas voter car elles auront peur", appuie-t-il. Et elle fait peser une forte incertitude sur les résultats du vote, où l’enjeu pour les unionistes est de déloger une majorité indépendantiste aux manettes de la Catalogne depuis 2015.
"Un poids important"
D’une courte tête dans les sondages, le Parti socialiste catalan (PSC) est emmené par Salvador Illa. L’ancien ministre de la Santé, qui a démissionné en janvier pour se consacrer à l’élection, bénéficie du soutien du chef du gouvernement central Pedro Sánchez. Derrière, au coude-à-coude, se trouvent les deux formations indépendantistes : le parti de l’ancien président catalan Carles Puigdemont, Junts per Catalunya, et la Gauche républicaine, ERC.
Bien que divisées, elles pourraient parvenir à maintenir un rapport de force. "Les partis indépendantistes conserveront un poids important, estime Anna Puig, journaliste politique pour le quotidien El Punt Avui. La grande inconnue sera de savoir s’ils dépassent les 50% de votes, car c’est l’objectif qu’ils se sont fixé. S’ils y arrivent, le processus d’indépendance sera légitimé pour continuer à avancer." Dans l’assemblée sortante, les indépendantistes disposaient d’une majorité absolue sur les 135 sièges.