L'Espagne a définitivement adopté, en février 2023, la mise en place du congé menstruel. En cas de règles douloureuses, les femmes ont désormais le droit de s'absenter de leur travail. Exemple à Gérone, où depuis un an et demi, un congé menstruel est à la disposition des employées de la mairie.
Dans la ville de Gérone, un sujet semble mettre tout le monde d'accord, celui du congé menstruel qui permet aux femmes de ne pas travailler lorsque leurs règles sont trop douloureuses. Le congé menstruel est désormais inscrit dans la loi espagnole depuis le mois de février.
Les Catalans saluent la nouvelle : "C'est très positif, cette loi est une avancée pour le droit des femmes et brise un tabou. Si le congé maternité existe, il est normal d'avoir un congé menstruel."
Lutter pour l'égalité ?
Lutter contre une discrimination, c'est justement ce qui a motivé en 2021, Bernat Fons délégué à l'Intersyndicale à la mairie de Gérone. Deux ans avant l'adoption de la loi espagnole, il a réussi avec les délégués du personnel à obtenir un congé menstruel pour les employées communales.
Nous avons constaté que nos collègues qui avaient des règles douloureuses posaient un jour de vacances, c'était parfaitement injuste donc nous avons travaillé pour obtenir ce congé menstruel.
Bernat Fons, délégué à l'Intersyndicale à la mairie de Gérone
Un congé menstruel plus juste, à condition d'encadrer sa perception. Pour Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance, il s'agit d'une bonne nouvelle à nuancer : "Tout dépend comment est perçu ce congé dans la mesure où on a longtemps discriminé les femmes, ça risque d'être la porte ouverte au discours "ah elles ont leurs règles et elles ne vont pas venir". Ca peut stigmatiser si c'est mal perçu, à l'heure où on parle d'égalité, je ne sais pas si ça joue vraiment pour les femmes."
L'exemplarité espagnole
Sur les 533 employées communales de Gérone, seulement 7 ont demandé le congé menstruel en un an et demi. Contrairement à la mairie de Gérone qui ne demande aucun certificat médical pour obtenir ce congé menstruel, la loi espagnole l'impose mais dispense de récupérer les heures non travaillées.
Lorsqu'une employée a des règles douloureuse, nous avons acté qu'elle peut s'arrêter de travailler d'une à 8 heures maximum et elle peut rattraper ces heures dans les trois mois qui suivent.
Maria Angels Planas, adjointe aux Finances à la mairie de Gérone
Un droit au bien-être à médicaliser
L'instauration de ce congé menstruel, ne doit pas se faire au détriment de l'aspect médical. Au-delà d'un certain inconfort, les règles douloureuses peuvent cacher des pathologies. Les trois plus courantes sont l'endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore la congestion pelvienne.
C'est bien, c'est un droit au bien-être mais il faut plutôt que ce soit un droit à la santé, en étant accompagné par la médecine du travail. Avoir mal au point de ne pas pouvoir aller travailler n'est pas normal, ce n'est pas le congé menstruel qui règle le problème, il faut pouvoir orienter le diagnostic.
Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance
En France très peu d'entreprises ont mis en place ce congé menstruel, comme la menuiserie Louis de Toulouse au printemps 2022. A l'échelle nationale, cette instauration n'est qu'à l'état d'ébauche. Des députés et sénateurs de la NUPES se sont saisi du sujet et espèrent déposer un projet de loi sur la table de l'Assemblée prochainement.