Le changement climatique bouscule aussi les habitudes touristiques. Selon une étude, l'exposition aux canicules extrêmes réduit la propension des touristes internationaux à revenir en Espagne, en particulier parmi les Britanniques et les Américains, qui figurent parmi les premiers visiteurs de la Catalogne après les Français.
C'est une étude publiée cette semaine par Caixa Bank Research dans le cadre du rapport du secteur touristique pour le second semestre 2024. Une étude qui vise à évaluer les répercussions du changement climatique sur le tourisme en Catalogne et en Espagne. Selon les premières conclusions et point positif, la projection d'une croissance du PIB touristique espagnol de 5% en 2024, soit plus que le double de ce qui était prévu pour l'économie dans son ensemble et dépasser les 90 millions de visites de touristes internationaux.
Derrière cette croissance, inférieure à celle de l'année dernière (7,6%), mais supérieure aux prévisions pour l'année à venir (3,2%), il y a la récupération du pouvoir d'achat des Européens grâce à une légère baisse de l'inflation et à la perception de stabilité et de sécurité en Espagne dans un contexte géopolitique instable en Méditerranée orientale. Même si 2023 était déjà une année exceptionnelle, avec des niveaux records de touristes étrangers et de dépenses touristiques, 2024 a marqué le meilleur départ de l’histoire du secteur.
L'impact de la chaleur
L'étude sur le changement climatique examine les effets que les canicules des deux derniers étés ont eus sur le tourisme international dans tout le pays et la conclusion est que les touristes internationaux qui en ont souffert en 2022 avaient une probabilité plus élevée de ne pas retourner en Espagne l'été suivant.
Concrètement, la propension à retourner en Espagne a chuté en moyenne de 13,8 % lorsque le vacancier a connu une canicule. Dans le cas des touristes britanniques et américains, la tendance au retour a carrément dégringolé respectivement de 34% et 42%. Des chiffres bien supérieurs comparés aux visiteurs d'autres nationalités, comme les Français (-7,4%) ou les Portugais (-8,7%).
Investissement et désaisonnalisation
"La vulnérabilité du tourisme international face aux vagues de chaleur met en évidence la grande sensibilité du secteur au changement climatique. Ceci souligne l'importance capitale pour le secteur tourisme de participer activement à la lutte contre le changement climatique et d'appliquer des mesures préventives d'adaptations pour en atténuer les effets négatifs" indique le rapport.
"La troisième dimension que nous mettons en place est la désaisonnalisation. La probabilité d'apparition de vagues de chaleur n'est évidemment pas la même en août qu'en janvier", a expliqué l'économiste de la Caixa Bank. En ce sens, le rapport constate également que le taux d'occupation des hôtels a davantage augmenté en dehors des mois de haute saison, surtout si l'on tient compte des mois d'octobre, novembre et décembre 2023 par rapport à la moyenne de 2017, en 2018 et 2019.