Procès de l'accident de car de Millas : "Elle a détruit nos vies, nous sommes des morts-vivants", la souffrance des parents des victimes

Dernière ligne droite du procès du drame de Millas à Marseille. Six collégiens sont morts dans un car scolaire percuté par un train sur un passage à niveau dans les Pyrénées-Orientales le 14 décembre 2017. Après les plaidoiries des avocats de la partie civile, le réquisitoire aura lieu mercredi 5 octobre.

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Le 14 décembre 2017 six enfants sont morts après la collision entre un car scolaire et un TER sur un passage à niveau, à Millas dans les Pyrénées-Orientales. 17 autres collégiens ont été blessés. Le procès de la conductrice du car a débuté lundi 19 septembre devant la juridiction spécialisée à Marseille. Il se tient malgré son absence depuis son hospitalisation au bout de la première semaine d'audience. Nadine Oliveira, la conductrice du car est jugée pour homicides et blessures involontaires.

Les juges qui l'ont renvoyée devant le tribunal correctionnel estiment que "par imprudence, inattention, maladresse négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, elle a franchi le passage à niveau fermé et forcé la demi-barrière alors qu'un train express régional arrivait".  Elle a toujours maintenu le contraire.

Elle risque jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende. Place ce mardi 4 octobre aux dernières plaidoiries de la partie civile avant le réquisitoire du procureur de Michel Sastre.

Ce direct est terminé. Nous vous remercions de l'avoir suivi. Il reprendra demain, mercredi 5 octobre à 9 heures.

16h30 .  L'audience est suspendue. Le réquisitoire est prévu pour mercredi matin 5 octobre.

La mémoire d'Allan, Ophélia, Loïc

16h15. Me Vanessa Brandone. C’est à moi que revient la lourde tache de clôturer ce balai. Pour parler d’Allan, Loïc et d’Ophélia.

Allan C’était le petit homme du foyer qui s’occupait beaucoup des autres. Un camarade souriant et bienveillant. La tornade de la maison. Il voulait être mannequin, footballeur, youtubeur et pompier pour sauver les autres. Sa mère a du quitter son foyer car elle était la voisine de Nadine Oliveira. Après plusieurs semaine en psychiatrie, sa mère a eu le courage de reprendre sa vie.

Ophélia, princesse de 13 ans à jamais, belle et rayonnante. Sa mère n’a pas eu la force d’assister au procès.

Loïc avait trois passions : sa famille, ses amis et le foot. Le Barca. Loïc était aussi dans le partage. Bienveillant. 

Parler d’un enfant au passé c’est insoutenable pour ses parents.

Me Vanessa Brandonne

Avocat de la partie civile

L'horreur

Fabien s’occupe de l’association "A la mémoire de nos anges" pour expulser son chagrin. Il n’a pas réussi à faire le deuil. Marjorie, la maman de Loïc a trouvé le réconfort en sauvant les animaux de la maltraitance. La journée du 14 décembre a été épouvantable :  des larmes, du sang. C’était une journée rouge. Dans les familles, les cadeaux de Noël étaient faits.

La journée de l’horreur, de l’attente, de la mort de son enfant, puis l'avocat a évoqué la suite "les 7 jours où on les veille dans une chambre funéraire, les funérailles collectives.

"Cela a été très douloureux d’être là pendant trois semaines. Ils ont été debout. La prévenue non. Mme Oliveira n’a pas entendu la détresse des familles. Elle n’a pas eu un mot pour ces enfants. Elle n’a pas prononcé la moindre excuse contrairement aux victimes. Après une journée d’audience insoutenable elle a donné une interview et pas un seul mot pour les victimes.

Me Vanessa Brandone

Partie civile

 La veille du drame Allan avait demandé à sa grand-mère si on pouvait mourir dans un accident de car à 11 ans.

 L'avocat termine sa plaidoirie par un texte des mamans courage : il se conclut par cette phrase :  Je vous en prie ne me demandez pas de guérir, le deuil n’est pas une maladie dont on peut se débarrasser.

Une stèle pour Yonas

15h 45. L'audience est suspendue. Elle a reprendre avec les plaidoiries des derniers avocats de la partie civile. 

15h28.  Me Julien Audier -Soria. Mes clients, parents de Yonas ( décédé dans l'accident) avaient un sentiment. Ils ont des certitudes. 

Ce bus aurait pu être sorti de la voie. Nadine Oliveira a commis une faute irréparable. Je voudrais que l'on retienne de ma plaidoirie, comme une stèle pour Yonas, le petit garçon de 11 ans.

Avocat partie civile

Yonas, était un petit garçon de 11 ans, rieur, tourné vers les autres, parfois contestataire comme on peut l'être à 11 ans, il était passionné de musique comme sa famille. J'ai entendu la voix de Yonas sur des chants enregistrés. Quand, il chante, il nous dit, "tu croyais avoir le temps, tu as cramé tes souvenirs d'enfant". Sa famille était une famille soudée. Aujourd'hui, on a du mal à s'étreindre, à s'embrasser à se dire ce qu'on pense dans cette dramatique souffrance. Aujourd'hui le studio familial ne résonne plus de musique. Les instruments se sont tus. La justice a cette vertu d'évoquer la mémoire de ceux qui ont existé. Aujourd'hui, l'avocat demande à cette famille soudée avant l'accident, puis distendue depuis, de renouer les liens.  Avant de conclure, très ému : Le pays catalan a été meurtri.  

Cet accident, c'est le drame du 21 ième siècle

Me Julien Audier-Soria

Partie civile

 Il a terminé sa plaidoirie en Catalan. A la mémoire des victimes.

15h15. Me Hélène Castello-Picard parle ensuite de la souffrance des parents d'Alicia qu'ils sont incapables d'exprimer. "Anéantis, envahis par l'angoisse au moment de l'accident. A 2 heures du matin, soit six heures après l'accident, ils apprendront qu'Alicia est vivante, mais très grièvement blessée, qu'elle a perdu beaucoup de sang et a été amputée d'une jambe. Au retour de leur fille, en fauteuil roulant, ils devront quitter leur maison de village qui n'est plus adaptée à la vie d'Alicia.

Une vie chamboulée, une vie cassée. Qu'attend la famille de Nadine Oliveira ?

Elle a détruit notre vie. Nous sommes des morts-vivants. On voulait juste un "pardon".

Me Castello-Picard

Partie civile

Alicia, condamnée à vie

Ce qu'elle aurait aussi pu dire à tous les anges, là-haut et à Alicia, blessée et handicapée.

Cet accident est la cause d'une distraction. En raison des conséquences dramatiques de cet accidents, je comprends qu'elle chercher à échapper à ses responsabilités.  S'adressant aux magistrates et d'une condamnation en cas de reconnaissance de culpabilité, elle conclura "Mme mesdames, sachez qu'Alicia est condamnée à vie.

15h03.  Me Hélène Castello-Picard. Alicia a vu le train arriver et avoir le temps en une fraction de seconde  de penser qu'elle allait mourir. Sur les rails, elles s'est tractée de peur qu'un autre train arrive. Juste après l'accident, elle a compris qu'elle avait perdu sa jambe. L'avocate  retient un sanglot. Alicia a été violemment projetée dans le monde du handicap. Deux amputations de la même jambe, et trois ans de souffrances. Comment le vit-elle aujourd'hui ? Elle a grandi depuis trois ans dans plusieurs hôpitaux. Après une sévère dépression nerveuse, elle est condamnée à ivre dans le monde du handicap. Elle ne pourra plus faire de sport, aller à la piscine, porter du poids. Elle va de nouveau devoir être opérée, elle s'interroge pour savoir si un jour elle pourra donner la vie.

Qu'attend-elle de ce procès ? Juste les mots Victime et Coupable.

Hélène Castello-Picard

Partie civile

 J'en veux à la conductrice de m'avoir pris ma jambe. Pour moi, elle est déjà morte en prison. Elle a tué six enfants. Avant, je voulais qu'elle aille en prison, aujourd'hui j'ai grandi, souffle l'avocat au nom d'Alicia.

L'inexpérience de la conductrice

14h50. Me Hélène Castello-Picard reprend tous les témoignages  disant que les barrières étaient fermées au moment de l'accident. les signaux sonores et lumineux fonctionnaient bien au moment de l'accident selon l'enquête du BEA-TT. Forts de tout cela, je comprends mal comment elle a pu franchir ces barrières. Une distraction, inattention dues au maque d'expérience de Nadine Oliveira  qui n'a son permis que depuis un an. Elle doit ensuite faire une manœuvre difficile et délicate et jamais, elle a déclaré qu'elle n'avait  jamais trouvé ce passage à niveau fermé Elle adonc pu penser que c'était passage à niveau fantôme et donc une habitude. Elle va recevoir un SMS à 16h06. Ce message ne serait-il pas à l'origine de la distraction de Nadine Oliveira pour ne pas voir que les barrières étaient baissées.

14h45 .  Me Hélène Castello-Picard. Je viens vous parler de la douleur d'Alicia ( amputée dans l'accident), une jeune fille heureuse. Le 14 décembre à 16 h 07, sa vie a basculé dans l'horreur. Alicia est victime et témoin essentiel de l'accident.  Elle était au premier rang dans le bus. Il est hors de question de remettre en question son témoignage corroboré par deux autres témoins visuels, deux employés de la SAUR, dans une voiture en face du passage à niveau. Elle a vu le bus pousser la barrière. les barrières étaient bien baissées quand le bus a franchi le passage à niveau.

Aucune excuse de la part de la conductrice

14h30 . Me Christian Bayekola Milandou poursuit : "J'ai la conviction de la culpabilité de Mme Oliveira qui a commis une erreur fatale et endeuillé des familles. Au début de ce procès on a vu défiler des enfants qui ont eu le courage de venir jusqu'ici comme Océane que je défends. je suis venu vous dire ce qu'elle est aujourd'hui. J'ai dit à Océane, du fait de l'absence de Mme Oliveira, elle n'aura pas les excuses escomptées. Quand elle a parlé de son frère de cœur Alan, le petit footballeur, ( décédé dans l'accident), elle a permis de lui rendre un bel hommage. Dans cet accident, Océane a perdu le sourire, le regard de ses semblables.

Aujourd’hui à la fin de ce procès, tous nous avions des questions. Au sortir de cette audience, nous avons obtenu la plupart des réponses et la vérité : Mme Olivieira est responsable de tout ce qui est arrivé à ces familles, à ces enfants.

 Au nom de toutes les parties que je représente j’espère que vous pourrez apprécier à leur juste valeur tous les préjudices subis.

Les familles on dit à leur avocat de dire qu’elles n’étaient pas dans la vengeance, ni la colère ni la haine mais demandant juste à être reconnues en leur qualité de victimes.

 

N’oublions pas une chose : les blessures finissent par cicatriser mais leur douleur demeure.

Me Christian Bayekola Milandou

Partie civile

Douleur éternelle

La douleur est éternelle mais on vit avec".

14 h 00. Pour Me Christian Bayekola Milandou qui défend plusieurs victimes, c'est un dossier volumineux et simple. Ce tribunal a une vertu pédagogique et thérapeutique.  La justice a mis les moyens nécessaires à la manifestation de la vérité. S'appuyant sur le témoignages de deux témoins occulaires, il ajoute J'ai la certitude que les barrières étaient baissées et que MMe Oliveira n'avait pas le droit de franchir les barrières.

Mme Oliviera est victime d'un biais cognitif. Elle transforme la réalité. elle est persuadée que les barrières étaient levées et qu'elle avait le droit de les franchir. Tout le monde aura compris dans ce procès que les barrières étaient baissées.

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