Au procès de la conductrice du car scolaire, après les experts et les enfants, ce sont les chauffeurs du train express régional qui sont entendus à Marseille.

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Le 14 décembre 2017 six enfants sont morts après la collision entre un car scolaire et un TER sur un passage à niveau, à Millas dans les Pyrénées-Orientales. 17 autres collégiens ont été blessés. Au 3e jour du procès de la conductrice du car devant la juridiction spécialisée à Marseille, les conducteurs du train ont été appelés à la barre. Tous les deux confirment ce qu'ils ont dit pendant l'instruction : les barrières du passage à niveau étaient baissées au moment de l'impact.

Perfectionnement

C’est d’abord la conductrice stagiaire, 35 ans en 2017, qui est interrogée. 

"Ce fameux 14 décembre 2017", elle explique qu’ils ont effectué un premier trajet, puis un 2ème. Ils prennent du retard car elle est en apprentissage et les « gestes sont plus lents ». Son formateur, est chargé de "perfectionner ses gestes de conduite". Elle a effectué 44 journées au commandes d'un train sur les 77 nécessaires à sa formation.  Le TER roule entre 70 et 80 km/h au moment où il aborde une courbe, elle voit le bus au loin s’avancer sur la voie ferrée à faible allure et tordre la barrière du passage.  Elle affirme qu'elle était baissée. "Je me suis dit qu’est-ce qu’il fait ? ".

Accrochée au sifflet

La conductrice stagiaire appuie sur le bouton poussoir pour activer le freinage d’urgence et s’accroche au sifflet jusqu’à l’impact.

J’ai sifflé longuement en espérant que le bus accélère et dégage la voie mais le choc était inévitable.

La conductrice stagiaire du TER de la SNCF

Partie civile

 "Jusqu’au bout, elle est restée accrochée au sifflet, A l’audience, elle appuyait encore sur ce sifflet comme si ces événements pouvaient ne pas survenir. C’est une victime collatérale de cet accident.  Cette collision entre le car et le train qu’ils conduisaient, C’est ineffaçable pour ces deux agents de la SNCF", ajoute  Me Philippe Parent, leur avocat.

Revit la scène

A la barre du tribunal, la conductrice stagiaire refait les gestes, comme si elle revivait la scène au moment du du drame.

La collision a lieu à 16h07. Le train a fini sa course deux-cents mètres plus loin. "Il y avait la fumée, les odeurs, des débris". Je pensais que le bus était vide, je ne savais pas qu’il était plein d’enfants", souffle le témoin la voix brisée.

Culpabilité

Le soir de l’accident, après son audition à la gendarmerie, elle rentre chez elle. Elle et ses enfants bénéficient d'un suivi psychologique.

"Je ne fête plus Noël comme avant cet accident. Mon aîné avait l’âge de ces enfants. C’est horrible."

Après l’accident, elle avoue avoir mis du temps avant de repartir aux commandes d'un train, un métier qui la passionnait depuis son entrée à la SNCF en tant que contrôleuse. Même si ses enfants ne le souhaitaient pas, elle a repris sa formation et elle exerce son métier aujourd'hui. "Mais c’est compliqué au quotidien.

Le choc a été violent pour nous aussi, pas autant que pour les familles, bien sûr. J’ai culpabilisé, si j’avais été à l’heure…

La conductrice du train

Le 14 décembre, jour de recueillement

La conductrice du train dit avoir voulu témoigner pour rétablir la vérité auprès des familles des victimes. "J'ai voulu témoigner pour dire ce que j'avais vu et ce que j'avais fait".

Ils nous ont apporté des réponses importantes. Ils sont sincères. Je suis allé leur dire merci et les réconforter pour leurs témoignages. Ils souffrent aussi de la situation. Ils nous ont convaincus que la barrière était baissée.

Stephan Mathieu

Père d’Ophélia, décédée dans l’accident.

Tous les 14 décembre, avec le conducteur qui a été entendu à son tour, et qui confirme que les barrières du passage à niveau étaient baissées, ils vont se recueillir et déposer des fleurs pour les victimes, "mais pas en même temps  que les familles".

Le 14 décembre est un jour où elle ne travaille plus. Elle ne veut plus jamais travailler ce jour-là.

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