C'est un nouveau coup de filet des Mossos d'Esquadra. Les policiers catalans ont démantelé un vaste trafic de cocaïne et de cannabis entre la Catalogne et l'Europe centrale. 21 personnes ont été interpellées, 27 000 euros ont été saisis ainsi que de la drogue et des armes.
Des agents de la police de la Generalitat-Mossos de la division d'enquête criminelle (DIC) ont démantelé une structure criminelle dédiée au trafic de drogue, apprend-t-on ce samedi 5 novembre dans un communiqué. Ils ont été épaulés dans cette affaire par des agents de l'unité d'enquête du commissariat de Manresa, commune située à une soixantaine de kilomètres au nord de Barcelone.
Saisie de drogue, armes, argent et matériel
Au cours de leur enquête, les policiers ont saisi 1500 plants de marijuana, 1,2 kg de cocaïne, 7 kg de bourgeons de marijuana, deux armes à feu, deux pistolets à air comprimé, plusieurs armes légères, ainsi que des outils pour gérer les plantations de marijuana tels que des lampes, des balances, des conditionneuses, des ventilateurs et des extracteurs. Les forces de l'ordre ont enfin mis la main sur 27 000 euros en espèces, divers documents, appareils électroniques et clés de véhicule haut de gamme.
Au total, 21 personnes ont été arrêtées : dix-huit hommes et trois femmes. Les trafiquants interpellés sont soupçonnés de délit d'appartenance à une organisation criminelle, de fraude au courant électrique, de détention illégale, d'atteinte à la santé publique (trafic de stupéfiants) et de vol avec violence et intimidation.
L'enquête a débuté il y a plusieurs mois. En janvier 2022, les policiers s'intéressent à des personnes liées à la séquestration de deux hommes, partenaires d'une entreprise de transport à Manresa. Ces deux hommes avaient été illégalement détenus, menacés et agressés dans un appartement de la ville. De l'autre côté de la frontière, les policiers français saisissent 158 kg de pollen de haschisch dans un véhicule justement conduit par un individu qui travaillait occasionnellement pour cette même société de transport. La précieuse information est aussitôt transmise aux enquêteurs catalans qui font le rapprochement.
La drogue pour éviter la faillite
En poussant leurs investigations, les Mossos d'Esquadra découvrent que des problèmes financiers croissants ont en fait conduit les deux victimes de l'enlèvement à accepter de collaborer avec un réseau international de trafiquants de drogue.. Ils auraient accepté d'effectuer des expéditions de stupéfiants, en les cachant dans les livraisons légales qu'effectuait l'entreprise entre Manresa et l’Allemagne.
Entre décembre 2021 et janvier 2022, au moins quatre convois auraient été organisés. Les malfaiteurs utilisaient une voiture pilote pour détecter d'éventuels contrôles ou présence policière sur la route, la méthode habituelle des "Go Fast". Ce sont les associés de l'entreprise eux-mêmes qui supervisaient ces livraisons : l'un d'eux l'a fait à trois reprises et l'autre associé s'est chargé de la quatrième.
Et le 20 janvier 2022, c'est l'un de ces fameux convoyages que les policiers français ont donc intercepté. Le conducteur du camion a été interpellé mais l'un des associés de l'entreprise, qui conduisait la voiture pilote, a pu s'échapper et retourner à Manresa. Il semble que la perte de la drogue, évaluée à un million d'euros, aurait alors généré de grosses tensions au sein de l'organisation.
De la Catalogne à l'Europe centrale
Le réseau de malfaiteurs possédait plusieurs plantations de marijuana et trafiquait également de la cocaïne, pour approvisionner le marché local en Catalogne. Il effectuait aussi des expéditions de drogue vers des pays d'Europe comme l'Allemagne, détallent les Mossos d'Esquadra.
Ce groupe était composé d'une quinzaine de personnes, avec une vraie structure hiérarchique et des rôles et fonctions bien définis : distribution de drogue dans le centre de Manresa, actes de violence contre des personnes à la demande de l'organisation, expéditions de drogue vers les 'étranger, assembleurs de plantations, gestion administrative ou contre-surveillance policière. Le réseau avait pris de nombreuses mesures de sécurité pour tenter de se soustraire à la police.
Outre la drogue, les policiers catalans ont également relevé une fraude au courant électrique dans les plantations intérieures de marijuana, comme c'est souvent le cas pour la culture du cannabis qui nécessite de forts éclairages et une importante ventilation, ce qui finit par alourdir considérablement la facture d'électricité.
Avec toutes les informations recueillies par les enquêteurs, le 27 octobre 2022, une opération policière a été menée, 27 perquisitions ont eu lieu dans les villes de Manresa, Montmajor (Berguedà), Olesa de Montserrat, Santpedor, Sant Fruitós, Súria, Cardona et Sant Joan de Vilatorrada.
Les détenus ont été libérés le 29 octobre en attendant leur comparution devant la justice. Le juge a néanmoins maintenu deux d'entre eux en détention provisoire.