Energie : le doublement de la ligne haute tension de la Vallée de l'Agly mobilise les viticulteurs

Les vignerons du cru Maury, au nord des Pyrénées-Orientales sont en colère. Soutenus par les fédérations et syndicats viticoles, ils viennent d'écrire au préfet car ils estiment que le renforcement d'une ligne électrique va défigurer le paysage des Fenouillèdes et que le débat a été volontairement biaisé par RTE.

Sur la route des châteaux cathares, entre le sud de l'Aude et le nord des Pyrénées-Orientales, le cru Maury joue beaucoup sur son image entre Pyrénées, Fenouillèdes et Corbières pour mieux vendre ses vins.

D'où la colère des viticulteurs, quand ils ont appris que RTE, Réseau de transport d'électricité, voulait doubler la capacité d'alimentation de cette ligne haute tension 63.000 volts de 35 kilomètres, entre Baixas, Tautavel et Saint-Paul-de-Fenouillet.

Une ligne haute tension plus puissante

La ligne haute tension de la Vallée de l'Agly est aujourd’hui saturée par le surplus d'énergie produite grâce au développement de l'éolien et du solaire. Son renforcement pourrait transporter 2X63.000 volts, soit un doublement de la possibilité actuelle avec un calibrage pouvant supporter jusqu'à 90.000 volts.

Le doublement de la ligne actuelle serait pour les viticulteurs et les riverains une lourde attaque contre l'image du vignoble et contre le paysage.

Quand il y a des projets comme cela, ailleurs on enterre les câbles, ici on ne se pose même pas la question. On se sent méprisés.

Aurélie Pereira, présidente du Cru Maury.

De surcroît, affirment les vignerons, les documents présentés ne reflètent pas la réalité du projet.

"Les croquis présentés montrent des pylônes identiques, à l'échelle. Mais le projet de RTE, ce sont des pylônes, plus gros et bien plus haut. 36 mètres contre 20 mètres aujourd'hui" explique Nicolas Raffy, directeur du Mas Amiel à Maury.

Conséquence, une moins-value pour le foncier agricole et une perte de surface à cause de l'emprise au sol des pylônes.

Du côté de RTE, on reconnaît une différence de taille, "6 mètres en moyenne", mais on souligne une concertation avec "les acteurs du territoire" qui a duré 3 ans. Le chantier est estimé à 40 millions d'euros.

Alors même si le projet est déjà en cours de lancement, les vignerons n'abandonnent pas l'espoir d'un enfouissement de la ligne. Cela coûterait près du double selon RTE. "C'est le prix de notre terroir", répondent les vignerons qui ont engagé une bataille juridique.

Ecrit avec Marc Tamon.