ENTRETIEN. Sécheresse : "creuser des puits à 500 mètres de profondeur n'aurait aucun sens", estime un spécialiste

Face à la pénurie d’eau qui touche les Pyrénées-Orientales, France 3 Occitanie a posé trois questions à Yvan Caballero, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières Occitanie. Crise inédite, nouvelles ressources… l’expert avance quelques rares pistes de solutions.

France 3 : que pensez-vous de la situation dans les Pyrénées-Orientales ?

La situation est grave. C’est une situation que l’on rencontre très rarement, une fois tous les 10 ans et encore ! Le niveau est très déficitaire pour les cours d’eau et les eaux souterraines, c’est-à-dire les nappes phréatiques.

On ne les a jamais vus aussi bas depuis qu’on suit l’observation des cours d’eau et des nappes. Et surtout à cette période de l’année où les nappes devraient être à leur niveau le plus élevé, compte tenu des précipitations hivernales et de la fonte des neiges que l’on a normalement à cette époque.

Aussi bas et aussitôt tôt, c'est toute la particularité. C'est du jamais vu.

 

France 3 : y a-t-il des chances de voir les nappes phréatiques et les cours d'eau se recharger d’ici l’été ?

Malheureusement, c’est très difficile de se projeter avec un climat qui change. Les prévisions qui sont faites par Méteo France ne nous permettent pas d’être très optimistes.

 

Vous avez mené pendant 5 ans le programme Dem’eau pour comprendre le fonctionnement de la plaine du Roussillon. Peut-on aller chercher de l’eau plus profondément ?

 

En fait les processus d’écoulement de l’eau dans les cours d’eau, les canaux, les nappes sont complexes et interagissent les uns avec les autres ; c’est toute la difficulté de la gestion de la ressource.

On est loin de maitriser totalement où se trouve l’eau et de quelle quantité on peut disposer.

Yvan Caballero, hydrogéologue au BRGM Occitanie

La "fameuse eau" qu’on trouverait plus profondément, ce n’est pas possible malheureusement. On est sur un bassin sédimentaire de 250 mètres d’épaisseur au-dessous duquel se trouve de l’argile. Donc pas de circulation possible d’eau souterraine. Creuser des puits à 300 ou 500 mètres de profondeur n’aurait aucun sens.

Par contre, il y a peut-être des secteurs qui pourraient être exploités autrement, dans lesquels on pourrait répartir de nouveaux points de prélèvement et essayer de mieux réguler. Là-dessus, il y a quelques marges de manœuvre.

Il y a aussi d’autres sources d’eau souterraine qu’on pourrait aller chercher dans les calcaires des Corbières, mais les processus sont complexes. Il n’est pas facile d’implanter un forage au bon endroit pour avoir de l’eau !

Sécheresse : faut-il craindre la guerre de l'eau en Occitanie ?

Ce sera le thème de "Dimanche en politique" enregistré à Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales

Les invités de l'émission : 

  • Yvan CABALLERO, hydrogéologue au BRGM à Montpellier
  • Gérard MAJORAL, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de fruits
  • Nicolas GARCIA, vice-président du Conseil Départemental 66 et président de la commission eau
  • Nicolas BERJOAN, secrétaire départemental Europe Ecologie Les Verts

Une émission à voir sur France 3 Occitanie, dimanche 14 mai à 11h30.

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