Deux des trois hommes, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur l'incendie criminel qui avait fait huit morts dont deux bébés, en février 2022, à Saint-Laurent-de-la-Salanque ont vu leur demande de remise en liberté rejetée par la cour d'appel de Montpellier.
C'est l’une des pires catastrophes du département des Pyrénées-Orientales. Dans la nuit du 13 au 14 février 2022, huit personnes, dont un bébé et un enfant de deux ans de la même famille, leurs parents, âgés d'une vingtaine d'années, le père de la jeune femme, un couple de trentenaires et une femme de 66 ans sont morts. Ils ont péri dans l'incendie consécutif à une explosion dans le centre de la petite ville de 10 000 habitants, située près de Perpignan.
Piste criminelle
Le feu, parti d'une épicerie au rez-de-chaussée d'un immeuble de la rue Arago, s'était propagé à des bouteilles de gaz d'un snack à proximité. Rapidement la piste criminelle était privilégiée. Les enquêteurs avaient alors relevé des traces d'activateurs d'incendie.
Arnaque à l'assurance
Trois hommes avaient été interpellés dont le propriétaire de l'épicerie. Endetté , il était soupçonné d'avoir renégocié le montant de son assurance quelques jours avant les faits. Les deux autres, le frère de l'épicier et un sans-papiers, étaient mis en examen pour "destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort" et complicité.
Plusieurs versions
Ce dernier avait, dans un premier temps, reconnu être à l'origine de la mise à feu ayant provoqué l'explosion suivie de l'incendie des deux immeubles. Il avait déclaré aux enquêteurs avoir agi à la demande des deux frères dont le propriétaire de l'épicerie. Lors d'un autre interrogatoire, le prévenu avait changé de version disant avoir été piégé par les deux frères et ne pas avoir provoqué intentionnellement l'incendie. Il avait reconnu s'être rendu dans la nuit à l'épicerie, mais nié avoir répandu de l'essence, et accusé l'un des deux frères de l'avoir fait. Il avait alors assuré que l'explosion était survenue quand il avait allumé l'interrupteur. Un scénario contesté par l'épicier mis en cause.
Demande de libération rejetée
En détention provisoire depuis avril 2022, les deux premiers ont déposé une demande de remise en liberté le 24 octobre 2023. Demande rejetée par la cour d'appel de Montpellier. Dans leur arrêt, les conseillers de la cour d'appel rejettent la demande de mise en liberté. Cela notamment pour "empêcher toute pression sur les victimes et les témoins, une concertation frauduleuse entre les mis en examen et pour mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public en raison de la gravité des faits (...)
Instruction en cours
C'était une première demande de remise en liberté. Les juges justifient en outre leur refus de libérer les deux suspects car l'enquête n'est pas terminée. "Après une première confrontation, d'autres doivent avoir lieu", explique Me Florian Medico, leur avocat, joint au téléphone par France 3 Occitanie. L’instruction se poursuit pour lever les zones d'ombre de ce drame.