Le jour même où trois hommes sont en garde à vue dans l'affaire de la tragédie de Saint-Laurent-de-la-Salanque pour dégradations et destructions volontaires par incendie ayant entrainé la mort et des blessures, le maire de la commune témoigne.
Pour le maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque (Pyrénées-Orientales), près de deux mois après le drame qui a fait huit morts, dont deux enfants, la piste accidentelle est écartée et un scénario se dessine.
"Aujourd'hui, on apprend que c'est une piste criminelle"
Dès les premiers jours de l'enquête, la cause extérieure a été envisagée pour expliquer la violence de l'explosion et l'incendie.
D'ailleurs, les trois hommes interpellés ce jeudi, à Saint-Laurent-de-la-Salanque, Saint-Estève et Montpellier sont en garde à vue pour destructions volontaires par incendie ayant entrainé la mort.
Une équipe de France 3 Occitanie a rencontré le maire, ce jeudi 7 avril. Pour lui, "l'hypothèse d'une bombe artisanale mal maîtrisée" est crédible.
"Vu le souffle de l'explosion, cela ne peut pas être une bouteille de gaz seule qui fasse autant de dégâts dans toute la rue" explique Alain Got.
Parmi les trois gardés à vue, il y a un commerçant de 42 ans. Ce dernier possède l'épicerie au rez-de-chaussée d'un des trois immeubles sinistrés.
"Je pense qu'il y a eu une bombe artisanale qui a été faite. Oui, il y avait aussi une bouteille de gaz dans les décombres mais pour moi cela n'a jamais été le départ de ce souffle important qu'il y a eu".
Alain Got, maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque.
Si la piste criminelle d'un explosif est confirmée, il faut alors déterminer le ou les mobiles de cet acte qui serait donc volontaire. Des éléments de réponse pourraient être donnés par le procureur de la République de Perpignan, ce dernier a annoncé une conférence de presse à l'issue de la garde à vue des trois hommes, samedi ou lundi.
Une enquête technique, scientifique et chimique
Dès le lendemain du drame, les gendarmes-enquêteurs de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, six spécialistes, ont d'abord scanné et numérisé avec un laser 3D, l'ensemble des trois bâtiments sinistrés avant toute investigation. Puis un "gel photographique de la scène de crime", comme le site est appelé par les gendarmes, mais aussi des rues alentours a été réalisé par drone en 3D.
Puis les investigations dans les décombres ont pu commencer, après stabilisation des structures des bâtiments. Elles ont eu lieu "sans discontinuer" du 15 au 18 février. Un travail lent et minutieux mais indispensable pour tenter de comprendre la ou les causes du sinistre.
"34 tonnes de gravats ont été extraites et sont en cours d'analyses. C'est un long travail de fourmis" avait déclaré le procureur de la République de Perpignan, le 19 février. Précisant que trois bouteilles de gaz avaient été retrouvées sur trois étages différents, dont certaines étaient vides.
L'hypothèse d'un départ du sinistre depuis le rez-de-chaussée restait alors privilégiée mais elle ne pouvait être accréditée définitivement. Les restes retrouvés dans le magasin d'un des bâtiments faisaient l'objet d'une grande attention.
"Des analyses de produits "exogènes" au site sont en cours dans les laboratoires de la gendarmerie".
Chef d'escadron Pellegrin, responsable des investigations.19 février 2022.
Autant de pistes suivies depuis deux mois. Sans oublier les témoignages et l'analyse des images de vidéosurveillance de la ville.