Après les accusations du gouvernement andorran contre une militante pour les droits des femmes, le Collectif Droits des Femmes 66 interpelle Emmanuel Macron à se positionner sur l’IVG, en tant que coprince d’Andorre. Andorre est un des derniers États en Europe à interdire l'IVG.
Vanessa Mendoza Cortés est militante pour les droits des femmes en Andorre. Elle est présidente de l’association Stop Valiències et psychologue experte en violence contre les femmes.
En décembre 2019, lors d’un comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, elle s’est exprimée sur les droits des femmes et des filles, et notamment sur la nécessité de dépénaliser l'avortement. Elle a dénoncé l’interdiction de l’Interruption Volontaire de Grossesse en toutes circonstances, en Andorre.
En Europe, quelques pays persistent dans leur interdiction totale à l’IVG :
Malte, Andorre, le Vatican et Saint-Marin (au nord de l’Italie)
“Andorre est un des seuls pays d’Europe où si une femme ou une fille se fait violer, elle n’a pas le droit d’avorter “ s’insurge Marie-France Taurinya, membre du Collectif Droits des Femmes 66. “Pour le gouvernement d’Andorre, ne pas avoir accès à l’avortement n’est pas une atteinte aux droits des femmes” précise-t-elle avec colère.
4 ans de prison et 30 000 € d'amende
Suite à ces déclarations devant un comité de l'ONU, le gouvernement d'Andorre a porté plainte pour fausses accusations en affirmant que sa bonne réputation avait été compromise par les déclarations de la présidente de l'association Stop Violencies.
En 2020, Vanessa Mendoza Cortés a été inculpée, et le Parquet a utilisé le rapport qu’elle avait adressé à l’ONU comme preuve.
Les charges qui pèsent contre elle sont passibles de condamnations sévères, notamment une peine de prison pouvant aller jusqu’à quatre ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 30 000 euros.
Pour Amnesty International, “le fait de poursuivre une défenseure des droits humains respectée en raison de son travail légitime et de sa participation à une réunion d’experts d’un organe de l’ONU constitue un acte d’intimidation scandaleux et une tentative de musellement de la liberté d'expression”.
Macron, coprince d’Andorre
Ce lundi 12 avril, Marie-France Taurinya, membre du collectif droits des femmes 66 a envoyé une lettre ouverte à Emmanuelle Macron, en tant que coprince d’Andorre, l'incitant à se positionner sur l'IVG.
La principauté andorrane est régie par deux coprinces:
- l'évêque d'Urgell (en Catalogne), Mgr Joan-Enric Vives i Sicília
- le président de la République française, Emmanuel Macron depuis le 14 mai 2017
Marie-France Taurinya explique qu’en France, l’IVG est un droit pour les femmes depuis 1975. " L'Andorre est très patriarcale et très religieux. Le coprince Mgr Joan-Enric Vives, évêque d’Urgell, avait annoncé en 2014 qu’il abdiquerait si l’Andorre venait à légaliser l’avortement” précise-t-elle. Dans cette lettre, elle demande à Emmanuel Macron de soutenir leur démarche, de pousser le gouvernement andorran à réfléchir à la question de l’IVG et de cesser de poursuivre les militantes féministes.
Aujourd'hui, Vanessa Mendoza Cortés est dans l'attente de son procès. Le Collectif Droits des Femmes des Pyrénées-Orientales sera prêt à se mobiliser pour assister à l'audience.