Ce mardi, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a gracié neuf indépendantistes catalans, emprisonnés pour tentative de sécession en 2017. Réactions de l'autre côté des Pyrénées.
Ce mardi matin, le Conseil des ministres espagnol a approuvé formellement la grâce proposée par le Premier ministre Pedro Sanchez. "Nous voulons ouvrir une nouvelle étape de dialogue" et "en finir une fois pour toutes avec la division et l'affrontement", a déclaré le Premier ministre. Malgré son interdiction par la justice, le gouvernement régional de Carles Puigdemont avait organisé en 2017 un référendum d'autodétermination, émaillé de violences policières.
Ex-membres de ce gouvernement régional pour la plupart, ces neuf indépendantistes avaient été condamnés en octobre 2019 à des peines allant de neuf à treize ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. A Perpignan (Pyrénées-Orientales), cette condamnation avait suscité des manifestations de soutien.
Une grâce, mais pas une amnistie
La grâce actée ce mardi ne lève pas la peine d'inéligibilité à laquelle les neuf personnes avaient été condamnées. Elle est réversible et conditionnée au fait qu'ils ne commettent pas un "nouveau délit grave" pendant trois à six ans.
"Ces prisonniers restent inhabilités politiquement. Les amendes dues devront être payées : cette grâce ne lève pas la condamnation", souligne Nicolas Marty, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Perpignan.
"C'est une bonne nouvelle, mais c’est une décision qui aurait pu être prise beaucoup plus tôt", nuance Jean-Paul Billés. Le maire de Pézilla (Pyrénées-Orientales) avait lancé en 2018 un manifeste pour le respect des libertés en Catalogne.
J’aurais préféré que ce soit une décision d’amnistie complète, plutôt qu’une grâce du gouvernement. Et il reste beaucoup de chemin à faire, notamment pour les personnes en exil et les autres personnes poursuivies, les élus, les responsables associatifs et les personnes de culture...
En effet, 3400 autres personnes sont encore poursuivies pour leurs actions dans le cadre du processus d’autodétermination. N'ayant pas été condamnées, les personnes exilées hors d'Espagne ne bénéficient pas de cette grâce.
"C'est une main tendue, certes, mais qui arrive surtout avant que l’Europe ne condamne l’Espagne", glisse Jean-Paul Billés.
Une décision à l'incitation du Conseil de l'Europe
Le chef du gouvernement espagnol préparait depuis plusieurs semaines l'annonce de cette grâce. La décision s'est vue accélérée sous la pression du Conseil de l'Europe.
L'organe paneuropéen de défense des droits de l'homme a émis un rapport critique au sujet de la gestion espagnole de la crise catalane. "Le Conseil de l'Europe pointe la façon dont ce processus politique s'est judiciarisé. Il était impossible de maintenir le statu quo de cette façon. La réputation de l'Espagne était entachée par ces phénomènes", analyse Nicolas Marty.
La libération des leaders catalans pourrait intervenir dès ce mercredi.