L'implantation est prévue au nord de Perpignan. Le groupe Total veut exploiter quelques 5000 panneaux solaires sur 5 hectares. L'enquête d'utilité publique va s'achever avec une forte opposition du mas viticole voisin et la réticence des politiques. Au préfet des Pyrénées-Orientales de trancher.
Ce n'est plus vraiment une campagne tranquille mais le raisin continue à y mûrir...A quelques encablures de l'hôpital, au nord de Perpignan, le projet d'implantation d'une très grande ferme photovoltaïque provoque la colère des riverains, et en particulier du mas viticole voisin qui développe depuis des années une activité oenotouristique en culture bio. Lancé en 2017, le projet du géant pétrolier vient de faire l'objet d'une enquête publique. 5000 panneaux solaires sur 5 hectares... Les instances locales qui l'ont soutenu au départ sont plus nuancées aujourd'hui. Et la balle est dans le camp du préfet des Pyrénées-Orientales.
Les riverains réagissent
"On apprend il y a dix jours qu'une usine électrique va s'implanter sur des bassins d'orages limitrophes au domaine de Rière-Cadène". Jean-Francois Rière est en colère. Vestige bien vivant de l'activité viticole, son mas et ses 17 hectares de vigne en culture bio résistent à l'urbanisation de la périphérie nord de Perpignan. Mais le projet porté par le groupe Total qui prévoit l'implantation mitoyenne de près de 5000 panneaux photovoltaïques l'inquiète par son gigantisme.
"Les panneaux seront vraiment ici" montre Jean François Rivière à deux pas de son domaine."La clôture est sur le talus et les panneaux seront dans le bassin d'orages à hauteur de 4m25 hors sol".
L'activité des vignerons menacée
Pour les exploitants du domaine, l'enjeu est même vital. Ils ont développé toute une activité oenotouristique sur place pour que leur société soit viable.
Et la centrale solaire impactera l'aspect rural déjà mis à mal par l'urbanisation de cette zone nord de Perpignan... pour un projet qui n'a rien de philantropique.
"D'abord il y a un détournement de cette zone puisqu'elle a été dans le passé expropriée dans un motif d'utilité publique et aujourd'hui c'est détourné avec un motif lucratif" explique Guillem Batlle, le président de la société qui gère le domaine.
La société Total va installer ses panneaux et nous, on va se traîner ce fardeau...Parce qu'on a du monde qui travaille ici et personne ne garantit qu'on pourra continuer!
Les collectivités locales divisées
Accepté en 2017 par l'Agglo de Perpignan, le projet est aujourd'hui contesté par la municipalité de Perpignan. Rière-Cadène contre Total...tout un symbole. Les rugbymen catalans diraient que le match est engagé, mais qu'il n'est pas encore joué. L'enquête d'utilité publique est close le 23 décembre et la balle sera dans le camp du préfet des Pyrénées-Orientales qui va examiner les résultats de cette enquête avant de se prononcer.
Reportage à Perpignan de Marc Tamon et Philippe Georget pour France 3 Pays Catalan.