Dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse qui sévit depuis plus de deux ans a d'importantes conséquences sur les cultures, notamment sur les vignes. Face à ces conditions climatiques de plus en plus extrêmes, quelques pistes peuvent être envisagées par les viticulteurs pour s'adapter.
"Les viticulteurs ont encore les manettes notamment sur la manière de conduire la plante et de l'amener à être suffisamment résiliente", explique Marceau Bourdarias, formateur et conseiller chez Architecte du vivant.
Devant les 400 participants des Rencontres Nationales des vignerons indépendants à Thuir ce mercredi 27 mars 2024, il revient sur le fonctionnement des plantes, notamment les pieds de vignes. "On s'est aperçu, on a fait plein d'essais, plein de tests depuis longtemps que la vigne, moins on lui en demande, plus elle en fait."
Les viticulteurs ont des leviers
Le conférencier explique notamment que certains gestes pourraient aider la plante à surmonter des périodes aux conditions climatiques extrêmes. Adapter la taille des vignes peut par exemple être une solution face au manque d'eau.
Certaines pratiques, comme la "vendange en vert" qui consiste à faire tomber des grappes pour améliorer le ratio feuilles/raisins, pourraient également s'avérer salvatrices.
"La vendange en vert serait une solution pour diminuer le raisin, pour avoir un rapport entre la surface foliaire, (les feuilles) qui produit de l'énergie et la quantité de raisin qui soit plus favorable à la plante et à sa capacité de résilience, et donc à sa capacité à aller chercher de l'eau ", explique Marceau Bourdarias.
Il faut avoir beaucoup de racines pour récupérer l'eau quand il n'y en a pas beaucoup.
Marceau Bourdarias, formateur et conseiller chez Architecte du vivant
Pour préparer la plante à résister au mieux à la sécheresse, il faut d'abord lui permettre de développer son système racinaire. Plus de racines et plus de feuilles sur les pieds de vignes seraient les deux points essentiels pour augmenter la résilience des plantes.
"Ce sont les feuilles qui permettent la circulation de l'eau, ce sont les feuilles qui permettent la construction de la plante et ce sont les feuilles qui permettent la production de l'énergie", précise Marceau Bourdarias.
Autre conséquence du dérèglement climatique : l'augmentation des températures et l'ensoleillement qui provoquent une augmentation du taux de sucre dans le raisin. "Le principe de faire du vin, c'est que le sucre devient de l'alcool", explique Pierre Bouchet, vigneron. "Aujourd'hui, il y a des procédés pour extraire le sucre des moûts, pour essayer de réduire le taux de sucre avant la vinification."
Chaque année, les vendanges commencent de plus en plus tôt pour s'adapter à ce changement. "Sinon on a des vins qui sortent de plus en plus alcoolisés et qui ne correspondent plus aux attentes des marchés", regrette-t-il.
Des viticulteurs prêts à tenter des expériences
Dans l'assistance, les vignerons prennent note. "C'est une ligne qu'il faut essayer mais en toute petite quantité. Il faut y aller tout doucement", avance prudemment un vigneron alsacien venu assister à la conférence.
Il faut rappeler que les agriculteurs sont en première ligne face au changement climatique. En 2023, la vendange dans les Pyrénées-Orientales a été la plus faible de l'histoire de la viticulture avec seulement 430 000 hectolitres. Un faible rendement causé notamment par des épisodes successifs de grêle et de sécheresse.