On appelle ça le stress hydrique. Mais il peut se transformer en stress de l'éleveur. Dans la plaine du Roussillon, la sécheresse et la chaleur atteignent des records. Résultat, une partie de la récolte de fourrage est dors et déjà compromise. Et les annonces du gouvernement ne sont pas rassurantes.
Montescot, dans la plaine du Roussillon. Une parcelle de Luzerne crevassée par la sécheresse. Stéphane Fabre est éleveur. Cette année il ne pourra pas faire de deuxième coupe pour nourrir ses moutons. Manque de pluies et températures records, à l'image de cette parcelle de luzerne, le stress hydrique affecte aujourd'hui une grande partie de la plaine du Roussillon. Avec des conséquences économiques qui commencent à peser.Les éleveurs comptent leurs bottes
Le fourrage est le premier poste de dépense des éleveurs et les premières annonces du gouvernement, promettant une simple avance des aides consenties aux agriculteurs, semblent bien maigres face au manque à gagner.
Une boutade de Stéphane Fabre pour dénoncer l'insuffisance de l'aide gouvernementale. En l'occurence, aucun budget supplémentaire, mais simplement un aménagement du calendrier. Les fonds seront, comme d'habitude, débloqués en octobre. Simplement, les éleveurs devraient en toucher à ce moment-là 70% contre 50% les autres années. Mais au total, la somme reste la même."Les bêtes ont besoin de manger demain, donc les exploitants ont besoin de trésorerie avant-hier !"
"Ce n'est pas un cadeau, martèle l'éleveur catalan, simplement le versement normal des aides à la contractualisation"
Les agriculteurs des zones irriguées par les canaux épargnés
A Eus, à quelques kilomètres, l'herbe est toujours verte. Et pour cause, ici la plaine est irriguée par le système de canaux qui transporte l'eau du Canigou vers des centaines de parcelles de la vallée du Conflent.
Résultat, pour Galdric Solà, éleveur bovin, le stock de fourrage pour l'année à venir est quasiment constitué.
"Ce qui nous sauve, c'est l'arrosage avec les anciens canaux. Comme on arrose tout, de la première à la quatrième coupe, on fait les mêmes bottes chaque année."
Nécessité d'une meilleure gestion de la ressource en eau
Reste que globalement, les ressources en eau des Pyrénées-Orientales sont alarmantes.
"Depuis juin, à cause des fortes températures et de la faible pluviométrie, on est en baisse régulière" explique Nicolas Rasson, chef du service eau et risque de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Pyrénées-Orientales.
Besoins supplémentaires du fait de l'arrivée des touristes et multiplication des projets d'urbanisation. Globalement chaque année, 80 millions de m3 sont prélevés des nappes de la plaine du Roussillon.
En Pays catalan, 5% du foncier irrigué fournit 80% de la ressource fouragère. Pour la coopérative des éleveurs, il est urgent de créer de nouvelles réserves d'eau. Selon Tony Baurès, Président de la Coopérative Catalane des Eleveurs, sur les petits bassins versants du département il faudrait développer les retenues colinéaires pour récupérer les eaux de pluie et les restituer en période sêche.
Le dossier de Sébastien Girard et Marine Lesprit, de France 3 Pays catalan.