Face à la sécheresse, des agriculteurs d'Elne changent leurs habitudes de culture. Un pari qui paie puisque leurs abricotiers ont suivi une croissance normale malgré l’absence de pluie des derniers mois.
Si certains producteurs d'abricots des Pyrénées-Orientales redoutent une saison 2023 très compliquée à cause du manque d'eau : leurs fruits sont composés uniquement "d'un noyau et d'une petite enveloppe autour", d'autres arboriculteurs ont trouvé une solution alternative face aux carences d'eau.
Ne pas faire de la sécheresse une fatalité, c'est le défi qu'ils se sont lancés. En effet, pour s'adapter au changement climatique, des agriculteurs d'Elne ont choisi de changer leurs pratiques.
Régénération des sols
Depuis le mois de septembre, leurs cultures n'ont pas été arrosées et pourtant, les résultats sont-là, leurs abricotiers ont suivi une croissance normale malgré l’absence de pluie des derniers mois.
On a d'abord travaillé sur le sol puis, derrière, c'est le végétal qui va permettre d'infiltrer l'eau dans les sols et de la retenir.
André Trives - Président de l'association de "Sol vivant Méditerranée"
En effet, l'apport sur leurs champs de matières organiques (végétaux en décomposition par exemple) qui fonctionnent comme des puits de carbone, qui permettent de capturer puis de stocker les particules de CO2 présentes dans l’atmosphère et de retenir l'eau.
Remplir les nappes phréatiques
Un processus vertueux destiné à remplir les nappes phréatiques et à déclencher des averses. Selon des experts, "lorsqu'il pleut 100 millimètres d'eau, 70 proviennent de l'évapotranspiration", explique Mathieu Bessiere, ingénieur agronome.
C'est parce qu'on remet en place des pratiques qui visent à enrichir le sol en matières organiques et à faire pousser beaucoup de plantes dont les arbres, qu'on va réussir à remplir les nappes et à avoir une agriculture moins dépendante de l'eau.
Mathieu Bessiere - ingénieur agronome.
Une pratique d’autant plus nécessaire dans les Pyrénées-Orientales, département soumis à un climat méditerranéen, "avec ce climat, on peut avoir beaucoup d'eau et des périodes de sécheresse très longues", justifie Pierre Bertrand Balanda, agriculteur céréalier.
Eau des champs, eau des villes
Ces pratiques s’appliquent aussi bien dans les champs que dans les villes où le béton n’a cessé de gagner du terrain, empêchant le processus naturel de remplissage des nappes phréatiques de s’accomplir.
Alors dans la commune d’Elne, face à l’urgence un parking a été arraché à coups de pelleteuses. À sa place, un espace revégétalisé, à coups de bêches cette fois, sortira bientôt de terre.
Écrit avec Norbert Evangelista.