Condamné à la perpétuité, celui qui a été surnommé l'ogre de Perpignan, a déposé plusieurs demandes de libération conditionnelle. Même après 30 ans de prison, les proches des victimes craignent une récidive, s'il sortait un jour de prison.
L'horreur de l'affaire a marqué l'histoire judiciaire française à tel point qu'elle est à l'origine de la loi sur la perpétuité réelle. Cette histoire, c'est celle de Karine Volckaert, une petite fille de 8 ans. Elle disparaît le 13 septembre 1993 à la sortie de l'école Blaise Pascal à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. Très rapidement, les enquêteurs suspectent Patrick Tissier, un ami de la famille.
Tueur en série et violeur multirécidiviste
C'est un tueur en série et un violeur multirécidiviste qui a sévi pendant plus de quarante ans Entre 1971 et 1993, il a tué et violé cinq personnes, quatre femmes et une enfant de huit ans.
Après avoir tenté de violer sa sœur et sa belle-mère à 12 et 16 ans, Marie-Françoise Pinson, 18 ans, est sa victime suivante. Avant de partir au service militaire, il se rend au bal avec la jeune femme. Le 1er mai 1971, après son refus d'avoir un rapport sexuel, il l'étrangle la viole et jette son cops dans la rivière.
À 20 ans, et toujours mineur à l'époque, il échappe à la peine de mort et à la perpétuité.
Il massacre ensuite une secrétaire à Toulouse en 1982, alors qu'il est en permission pour bonne conduite. Il tente de violer une autre femme le lendemain, mais elle parvient à prendre la fuite.
Arrêté à Nice en 1983, il est condamné à dix ans de prison en 1985.
Ses dernières victimes à Perpignan
Patrick Tissier est libéré en janvier 1992. Il s'installe à Perpignan dans une communauté mormone. Il a 39 ans. Un an et demi plus tard, il tue et viole deux autres femmes. D'abord, Conceta Lemma, 35 ans, le 6 août 1993 à Perpignan. Elle sera retrouvée trois ans plus tard à Canohès. Il s'en prendra ensuite à une voisine Marie-Josée Gauze, 44 ans, étranglée, violée et laissée pour morte pour avoir refusé ses avances. Il tuera, torturera et violera enfin Karine Vockaert, 8 ans, la fille d'une de ses amies.
Patrick Tissier sera arrêté le 21 septembre 1993 dans l'Hérault et condamné le 30 janvier 1998 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 30 ans.
Perpétuité réelle
Face à l’horreur des crimes de "l'ogre de Perpignan" et à la mobilisation en faveur du retour de la peine de mort abolie en 1981, le gouvernement avait fait changer la loi en 1994. Il avait alors instauré la réclusion à perpétuité "réelle" avec une période de sûreté de 30 ans, pour les meurtres avec viol, torture ou barbarie sur mineur de 15 ans, sur personne dépositaire de l'autorité publique dans leur fonction et en cas de crime terroriste.
Entre 1994 et 2021, seules quatre personnes ont été condamnées à la perpétuité réelle : deux tueurs en série (Pierre Bodein dit Pierrot le fou et Michel Fourniret) et deux personnes ayant violé puis tué un enfant (Patrick Tissier et Christian Van Geloven, qui avait violé et tué deux fillettes à Elne, dans les Pyrénées-Orientales).
L'ogre de Perpignan libérable
Depuis le 21 septembre dernier, le tueur en série est libérable. Il peut commencer à déposer des demandes de remise en liberté. Il en a effectué cinq.
Si on le remet en liberté, il va recommencer. Il est lâche et pervers et ne s'en prend qu'à des faibles.
Jocelyne Milluy, maman de la petite KarineJointe au téléphone par France 3 Occitanie
"Si on le remet en liberté il va recommencer. Il est lâche et pervers et ne s'en prend qu'à des faibles", souffle Jocelyne Milluy, maman de la petite Karine, jointe au téléphone par France 3 Occitanie. Même à 71 ans, il est capable de recommencer à tuer. Il adore faire souffrir les gens", ajoute la mère de famille très émue.
Expertises
Après ses demandes, Patrick Tissier sera soumis à plusieurs expertises psychiatriques, les proches des victimes seront aussi entendus. Il est peu probable que l'ogre de Perpignan ressorte un jour de prison.