C'est une opération de sauvetage dont les bénévoles de la SNSM de la station de Saint-Cyprien se souviendront longtemps. Bien calés dans leur canapé pour regarder la cérémonie d'ouverture des JO, ils ont été appelés pour secourir un petit bateau en avarie moteur à plus de trente kilomètres de la côte catalane.
C'est un sauvetage qu'ils ne sont pas prêts d'oublier. Vendredi 26 juillet, les bénévoles de la SNSM (Société Nationale de Sauveteurs en Mer) de la station de Saint-Cyprien dans les Pyrénées-Orientales étaient dans les starting-blocks pour assister à distance à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 lorsque l'alarme retentit.
Il était presque 18h lorsque nous avons été déclenchés par le Crossmed de Toulon qui gère les secours en mer sur la façade Méditerranée. J'étais installé dans mon canapé, impatient de découvrir la cérémonie d'ouverture des JO. Mais c'est ça être bénévole à la SNSM, il faut toujours être prêt à réagir. En 20 minutes, nous avions appareillé et quitté le port de Saint-Cyprien pour secourir un bateau en avarie moteur avec quatre occupants à bord.
Philippe Bétrancourt, patron de la SNSM de Saint-Cyprien
Un sauvetage exceptionnel
Il est donc 18H15 lorsque les six sauveteurs en mer partent à la recherche d'un petit bateau de pêche en avarie moteur avec à son bord quatre personnes. Par chance vendredi la météo était plutôt clémente et aucun membre d'équipage de blessé. Le caractère exceptionnel du sauvetage réside en fait dans la distance très éloignée du point de sauvetage, à plus de 30 kilomètres de la côte. L'équipage, des locaux amateurs de pêche, est tombé en panne de moteur sur le chemin du retour très loin de leur port d'attache à Saint-Cyprien. "Ils se trouvaient dans le secteur du canyon de Lacaze-Duthiers, un secteur prisé des pêcheurs car très profond et très poissonneux", nous confie Philippe Bétrancourt, le patron de la vedette de la SNSM de Saint-Cyprien.
Le site est régulièrement fréquenté par les amateurs de pêche mais dans ce cas précis, le bateau est inhabituellement de petite taille, moins de 7 mètres et c'est bien ce qui inquiète les sauveteurs.
Un petit bateau de cette taille, c'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin. En pleine mer, c'est très difficile à voir. On ne peut de distinguer que lorsqu'on se trouve à deux kilomètres maximum. Un degré d'écart et vous passez à côté.
Philippe Bétrancourt, patron de la SNSM de Saint-Cyprien
Heureusement, pas de vagues ce jour-là ce qui facilite la progression rapide des sauveteurs et la visibilité. Quant aux naufragés, d'après le patron de la station SNSM de Saint-Cyprien : "ils ont fait exactement ce qu'il fallait : mis leur gilet, contacté les secours et ils n'ont pas paniqué".
"On était à la limite de notre zone d'intervention"
Il faudra, tout de même, "une bonne heure à 22 nœuds" à la SNSM de Saint-Cyprien pour arriver à retrouver l'embarcation. Après les premières informations transmises lors du déclenchement de l'alerte, le petit bateau s'est mis à dériver encore plus au large. Fort heureusement, les pêcheurs retraités ont réussi à communiquer leurs coordonnées GPS à leurs sauveteurs qui les ont récupérés presque au bout de leurs limites d'intervention.
On a été leur porter secours à 17 nautique, on était quasiment en bout de limite de notre zone d'intervention qui est à 20 nautique. Cela prouve qu'ils étaient vraiment très très très loin.
Philippe Bétrancourt
Il aura fallu plus de quatre heures et 75 km parcourus en tout aux Sauveteurs en mer pour mener à bien leur mission de secours. 23h, fin de l'opération. Si les pêcheurs naufragés ont pu regagner leur domicile sans encombre et dormir dans leur lit en toute sérénité, c'est en replay que nos courageux sauveteurs ont pu voir la cérémonie des Jeux.
"Le lendemain j'ai aussi loupé la finale de rugby à sept pour le sauvetage d'un jet-ski" conclut en riant le patron de la vedette des Sauveteurs de Saint-Cyprien. En cette période de Jeux olympiques, on peut décerner la Médaille d'or aux 26 bénévoles de la station de Saint-Cyprien et plus largement aux 11 000 sauveteurs en mer qui agissent au quotidien dans toute la France.