Manque de fruité, augmentation du degré alcoolique, pertes de volumes : la sécheresse de l'été 2022 a des conséquences sur la qualité du raisin récolté. Heureusement, les œnologues sont déjà au travail pour corriger ces effets et faire en sorte qu'ils ne dégradent pas la qualité du vin. Exemple dans un laboratoire de Toulouges (Pyrénées-Orientales).
En Occitanie, comme partout en France, la vigne souffre de la chaleur et de la sécheresse. Dans les Pyrénées-Orientales, les vendanges ont commencé le 2 août et les premières récoltes montrent une perte de volume, mais aussi une perte aromatique. A Vingrau, les résultats d'analyses viennent de tomber au domaine Torredemer-Mangin. Isabelle Cutzach-Billard, docteur et consultante en œnologie, note "une belle concentration d'anthocyanes" (coloration des grains) mais se méfie : "avec la sécheresse, souvent les raisins sont très riches en sucre mais la maturité phénolique [des tanins qui vont structurer le vin, NDLR] tarde à venir".
Moins de fruité, plus d'alcool
Cette année, le raisin étouffe et souffre de stress hydrique. Le manque d'eau a produit des baies plus petites et moins juteuses. La sécheresse de cet été 2022 devrait inévitablement engendrer un manque de fruité et une augmentation du degré alcoolique.
Son travail : émettre des préconisations pour corriger ces défauts, afin d'élaborer un vin conforme aux attentes des consommateurs. Isabelle Cutzach-Billard explique :
Mon travail, c'est de valoriser au mieux même les vendanges difficiles. Par la dégustation et le suivi très fréquent, on va va pouvoir orienter les différents types de vinification.
Isabelle Cutzach-Billard, docteur et consultante en œnologie
Des corrections pendant la vinification
Goûter, recracher, évaluer : dans le laboratoire œnologique ICV de Toulouges (Pyrénées-Orientales), ou sur le terrain, comme à la cave Dom Brial de Baixas, la spécialiste prodigue ensuite des conseils précis de macération, "un peu comme un médecin" :
On va prescrire des traitements de manière à élaborer le meilleur produit pour nos vignerons. [...] Après analyse, on va pouvoir modifier certaines choses. Par exemple, l'acidité : en période de sécheresse, les acides sont très bas. On va donc acidifier les moûts.
Isabelle Cutzach-Billard, docteur et consultante en œnologie
Optimiste malgré les difficultés, l'œnologue appelle tout de même à une prise de conscience des nouveaux enjeux climatiques.