En Pays Catalan, qui dit Pâques, dit bougnettes. Un beignet à base d'œufs de la taille d'une assiette dont le savoir faire se transmet de génération en génération. Visite des cuisines de la famille Poch, à Ille-sur-Têt, à côté de Perpignan.
A Ille-sur-Têt, entrer au Couvent, c'est découvrir une boulangerie pas comme les autres. Ici, pour Pâques, la religion, c'est la bougnette ! Une sorte de beignet rond, boursouflé et doré.
Une recette familiale...
Des œufs frais du pays, de la farine, du sucre, une pincée de sel, de la levure, du beurre, une lichette de fleur d'oranger et un zeste de citron bio. Chez les Poch, ce savoir-faire se transmet de père en fils. On pétrit, on laisse la pâte lever, on l'étale puis on l'étire. Avec patience et précision.
Au bout de quatre générations, on commence à avoir des petites astuces. Nous, les bougnettes, on ne les étire pas sur un cul de poule, on les étire à la main. Il ne faut surtout pas que ça prenne de courant d'air, ce n'est pas si simple que ça à faire !
Quentin Poch, patron de la boulangerie le Couvent d'Ill
...qui fait de la concurrence au lièvre de Pâques
A raison de 100 vendus par jour en moyenne avec un pic à 400 pour le jour de Pâques, ces beignets déclenchent un vrai pèlerinage. Pour Eliane, cliente habituelle, c'est un rituel, une Madeleine de Proust. "Je les aime grassouillettes, avec de la chair bien autour, pas trop fines et avec beaucoup de sucre : c'est celles de ma mère que j'imagine !"
Le bougnettes sont, tout autant que les chocolats, les stars des festivités pascales.
C'est la période de l'année où les poules pondent le plus et nos anciens créaient des brioches pour passer les œufs au moment de Pâques.
Henri Poch, boulanger, Meilleur Ouvrier de France
Pour continuer à assurer la course aux délices contre le lièvre de Pâques, il faut faire perdurer cette tradition catalane. Un morceau de patrimoine en perdition selon les Poch. Pour eux, c'est aux boulangers de sauver le savoir-faire à tout prix.
Ecrit avec Sandra Canal.