Les Catalans s'en souviennent encore. C'était en juillet 1976 dans les Aspres. En deux jours, près de 7 000 hectares étaient partis en fumée. Ce feu dévastateur est devenu une référence dans les Pyrénées-Orientales en termes de lutte et de prévention. Presque 50 ans plus tard, l'incendie du 12 septembre 2024 ravive ce souvenir douloureux.
"Les Aspres, c'est un massif qui a été marqué dans son histoire par plusieurs feux historiques". Le colonel Eric Belgioïno, directeur départemental du Sdis 66 était présent ce jeudi 12 septembre sur le feu qualifié "d'incendie de l'année" 2024. Le feu a détruit quelque 700 hectares de garrigues, très largement en deçà de l'incendie de 1976.
Incendie de 1976, une référence
Nous sommes le 30 juillet 1976. Sécheresse, vent fort et végétation dense dans les friches et les bois qui ne sont plus exploités. Toutes les conditions étaient réunies alors, pour déclencher un incendie. Il aura suffi d'une étincelle.
Je me souviens, j'avais huit ans à cette époque. Le feu était vraiment très important et surtout, pas maîtrisé du tout.
Patrick Mauran, maire de Montauriol dans les Pyrénées-Orientales
Le grand feu des Aspres de 1976 avait ravagé près de 7 000 hectares. Poussé par un vent de Tramontane soutenu, le feu s'était rapidement propagé de Corbère-les-Cabanes jusqu'à Céret. À l’époque, cet impressionnant incendie avait permis de mettre en évidence certaines carences en termes de moyens de prévention et de lutte. Cet élément déclencheur a été à l'origine d'une remise en cause profonde de la politique appliquée, aboutissant à un engagement plus fort en matière de politique de prévention.
Un scénario similaire
"Ça me rappelle des souvenirs" témoignait, au micro d'une équipe de France 3 Pays catalan, Paul Bourret, ancien restaurateur à Castelnou. Le feu qui a détruit 280 hectares dans la nuit de jeudi 12 septembre présente plusieurs similitudes avec le gros incendie de 1976. Des similitudes météorologiques car aujourd'hui, côté lutte et prévention des incendies, tout a changé.
Ce sont des couloirs de feu que nous connaissons.
Colonel Eric Belgioïno, directeur départemental du Sdis 66
"En 1976, c’était aussi parti côté Nord", se souvient le maire du village de Montauriol dans les Aspres, "et ça avait progressé de village en village jusqu'à Céret, déjà attisé par une forte Tramontane".
Depuis ce temps-là, beaucoup d'efforts ont été faits. Sur nos villages, on a beaucoup débroussaillé autour des maisons, on a fait de gros pare-feu sur Montauriol, et puis les moyens de lutte ont bien changé avec des stratégies nouvelles.
Patrick Mauran, maire de Montauriol dans les Pyrénées-Orientales
Encore aujourd'hui considéré comme un évènement de référence pour le département des Pyrénées-Orientales, ce feu sera même à l'origine de la création de la banque de données "Prométhée" qui permet de recenser les causes et les circonstances des incendies afin d'adapter la politique préventive.
Cet incendie a pris des proportions cataclismiques dès le début.
Adrienne Cazeilles, témoin de l'incendie de 1976 et auteure de "Quand on avait nos racines"
Des feux catastrophes
1976, 1978, 1986, 2005, 2016, sans oublier les incendies de Port-Bou et La Jonquera en Catalogne, aux portes des Pyrénées-Orientales qui avaient ravagé plus de 14 000 hectares et fait quatre morts. Les Pyrénées-orientales ont subi nombre de feux catastrophes qui ont marqué la population. C'est le cas d'Adrienne Cazeilles, auteure de "Quand on avait nos racines" au micro de Geoffroy de Mandiargues en 1978 pour France 3 Midi-Pyrénées.