Joseph Gonzalez, de l'association "mémoire de l'Espagne républicaine 82", compte interpeller le président de la République lors de sa venue à Montauban (Tarn-et-Garonne) ce lundi 15 mars 2021. Depuis 2018, le retraité dénonce l'installation d'une porcherie sur un ancien camp de concentration.
Son combat a été médiatisé en 2018. Pourtant, avant lui, ses parents se battaient pour la même cause : la mémoire des Espagnols internés dans le camp de concentration de Judes à Septfonds, près de Montauban (Tarn-et-Garonne). Joseph Gonzalez est le fils d'un Espagnol interné à Montauban. Il est à l'origine de l'association "mémoire de l'Espagne républicaine 82" et membre du CIIMER (Centre d'Investigation et d'Interprétation de la Mémoire de l'Espagne Républicaine : union de 47 associations, dont le siège est à la gare de Borredon, à 6 km du site du camp de concentration).
Cette partie de l'histoire de France est justement racontée dans le film d'animation "Josep", qui a remporté le César du meilleur film d'animation de l'année 2021.
L'Occitanie, pour sa proximité géographique avec l'Espagne, est particulièrement touchée par l'histoire franco-espagnole. Le 26e sommet franco-espagnol se tient d'ailleurs à Montauban, ce lundi 15 mars 2021. Joseph Gonzalez en profitera pour interpeller le président de la République sur une situation qui le choque. Il avait déjà interpellé le président espagnol Pedro Sanchez en 2019. Voici le document qu'il (avec deux autres associations membre du CIIMER) a fait parvenir Emmanuel Macron, (qu'il tentera d'interpeller lorsque ce dernier se rendra sur la tombe de Manuel Azaña, président de la République espagnole de 1936, mort en exil dans le Tarn-et-Garonne) :
Lettre à destination du président de la République
Nous tenons à rappeler que tout près de Montauban, environ 30 000 personnes, anciens soldats républicains espagnols en très grande majorité, furent enfermées dans le camp de concentration de Septfonds. Quatre-vingt-une d’entre elles gisent dans le « Cimetière des Espagnols » que nous avons fait inscrire au Patrimoine des Monuments Historiques de la France en 2011. En 2018, sur suggestion du préfet du Tarn-et-Garonne nous vous avons adressé une demande, accompagnée de 10 000 signatures, vous priant d’intervenir pour empêcher l’ouverture d’une porcherie industrielle à l’endroit même où se trouvait ce camp. Monsieur le Président, vous avez le pouvoir de faire cesser cette activité indigne en un lieu historique, de souffrance et d’injustice.
Courrier à Mr le Président de la République Française....Infos et courrier sur le site www.mer82.eu
Publiée par Mémoire Espagne Républicaine 82 sur Vendredi 12 mars 2021
Une porcherie installée sur un ancien camp de concentration
"En 1995, nos parents, des anciens combattants, s'étaient déjà révoltés. La famille propriétaire du terrain avait alors donné à la mairie une petite partie de parcelle, où se trouve actuellement un mémorial" se souvient Joseph Gonzalez. En 2018, France 3 Occitanie s'est rendue sur place, au moment où la porcherie (qui se trouve donc à l'emplacement d'un ancien camp où étaient enfermés des Espagnols) projetait de s'agrandir :
Aujourd'hui il y a un manquement à leur parole parce qu'il ne s'agit plus d'une petite ferme à cochons mais d'une véritable porcherie industrielle où vivent 6 500 porcs à l'année, et ils seront de plus en plus nombreux. Le mémorial est désormais entouré de lisiers, ça sent très mauvais. Et puis symboliquement c'est impensable ! Vous imaginez une porcherie à Rivesaltes ?
En justice pour la mémoire des Espagnols
Une pétition en ligne avait rassemblé plus de 10 000 signatures, rappelle Joseph Gonzalez qui explique être soutenu par des associations environnementales comme France Nature Environnement. L'infirmier retraité précise que l'affaire est portée au tribunal. Il espère qu'elle prenne la même tournure qu'en République Tchèque, où une porcherie installée sur l'emplacement d'un camp de concentration nazi pour Roms avait été démantelée.
Nous n'avons rien contre les deux agriculteurs mais nous demandons à la municipalité ou à l'Etat de racheter cette porcherie pour en faire un lieu de mémoire. A cet endroit, des soldats innocents de la République d'Espagne sont morts du typhus et d'autres maladies, enfermés derrière des barbelés. La dignité humaine est l'un des piliers de l'Union Européenne, où sommes-nous?
Enfin, celui qui se fait appelé "José", estime que le site pourrait faire l'objet de recherches archéologiques. Son combat n'est pas nouveau, et il ne s'arrêtera certainement pas avant d'avoir obtenu gain de cause, même si cela doit prendre plusieurs générations.