Cancer. Le Centre ressource, un havre de ressourcement pour apporter attention et solidarité aux malades

Le Centre ressource de Lafrançaise (Tarn-et-Garonne) propose aux malades de cancer des soins physiques, esthétiques, psychologiques donnés dans un esprit solidaire par des professionnels. Tous exercent à titre bénévole dans ce lieu de vie, véritable havre de ressourcement.

Ouvert à Montauban en 2016, le Centre ressource est installé depuis 5 ans à Lafrançaise, à 17 kilomètres au nord-ouest de Montauban. Il permet à toute personne atteinte d'un cancer de bénéficier d'un accompagnement bien-être. Véritable havre de ressourcement, ses locaux accueillent des professionnels qui exercent à titre bénévole au service des participant.e.s, le terme qu'on utilise ici.

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Le Centre ressource accueille des patients atteints de cancers. • ©FTV

Des soins aux ateliers d'écriture

Ce lieu est accessible aux malades, à leur entourage et/ou à leurs accompagnants. Il propose un programme riche qui va du soin psycho-esthétique au Pilates en passant par des ateliers d'écriture, de mosaïque, de communication relationnelle, de massage, de sophrologie, etc.

Atmosphère feutrée, lumière et musique douce... Laure est allongée sur la table de massage et livre son visage aux soins délicats d'Aurélie André, socio-esthéticienne. "Là on a fait un soin du visage pour la détente et le lâcher prise et ce que je propose après chaque soin du visage c'est une remise en beauté express. Pour Laure aujourd'hui, ce sera un léger maquillage, une remise en beauté naturelle".

La chorégraphie apaisante du toucher du visage de Laure se poursuit. "L'objectif est le bien-être , le lâcher-prise, une bulle d'écoute également. On discute ensemble, on partage, ça peut être aussi bien sur l'esthétique que sur tout autre sujet".

Matérialiser la relation

Dans ces vastes locaux baignés de soleil, plusieurs ateliers sont proposés les matins et après-midis. Dans la pièce suivante, Charlotte Pineau, consultante et formatrice en communication relationnelle, reçoit Joëlle pour un atelier en tête-à-tête. La relation est matérialisée par une écharpe de couleur : "je m'appuie sur la méthode ESPERE fondée par Jacques Salomé pour prendre soin de ses relations. L'un des exercices propose d'utiliser une écharpe qui va rendre visible la relation".

"Chacune la prend à un bout. La rendre visible va permettre d'aborder certaines de ses particularités. Cette relation c'est comme un être vivant : elle a besoin d'être nourrie, elle a besoin d'attention pour aller bien et elle a besoin parfois d'être dépolluée, réparée quand elle reçoit des choses qui ne sont pas très bonnes. Le bon est à conserver et le mauvais, il s'agit de ne pas le conserver, sinon je risque de me blesser avec"...

Dans le même temps, juste à côté, trois participantes étirent leurs muscles en douceur grâce à la méthode Pilates. Anne-Marie Crouzat : "quand on est malade, on part dans des soins physiques. Ici on se réapproprie le corps, entre autres par le Pilates. Et ça amène aussi des rencontres. C'est un lieu où on peut se poser. On rencontre des gens qui ont traversé cette épreuve et ce n'est pas toujours facile parce qu'il y a un avant et un après. Il y a un deuil à faire. Le Centre ressource nous aide à ça. Ici, on soigne l'âme".

Sortir de la thérapie

Pour la prof de Pilates, Patricia Magnano, bénévole comme tous les autres professionnels ici, "c'est permettre aux participants de découvrir cette activité alors qu'ils n'oseraient pas forcément franchir la porte d'une salle. C'est une façon de les sortir de la thérapie : moi je suis prof de sport pour elles, je ne suis pas thérapeute. C'est important je pense".

"Et pour moi, c'est une façon de faire découvrir ma passion. C'est un sport qui peut correspondre à tout le monde. Et je pense que ça me remplit. C'est quelque chose qui me nourrit aussi".

Solidarité, douceur, écoute, sourires et rires aussi... Le Centre ressource est un véritable lieu de vie où l'on fait connaissance naturellement autour d'un café ou côte-à-côte dans un atelier. Annie Doumenge fait partie de l'aventure depuis plusieurs années. "Nous on vient faire tout ce que l'hôpital et les cliniques ne peuvent pas proposer justement... C'est ce temps, cette écoute des groupes de parole, l'accompagnement psychologique dans un lieu qui ne rappelle en rien l'hôpital, dans un cadre chaleureux qui est un véritable lieu de vie".

L'objectif, c'est vraiment leur redonner confiance en elles, goût à la vie par un accompagnement simple, ludique.

Annie Doumenge coordinatrice du Centre ressource

"Thérapies de groupe ou individuelle vont leur permettre de surmonter le traumatisme du cancer qui déboule dans votre vie quand vous ne l'attendez pas. Et cela dans un lieu dédié, ce qui est aussi très important". La plupart des participants sont des femmes mais le Centre est ouvert de la même façon aux hommes et aux enfants quels que soient le type de cancer et le stade de leur maladie. Les accompagnants sont aussi les bienvenus. 

Un plein de bienveillance et d'amour

Sandrine Montel-Faret est guérie d'un cancer de l'utérus. Elle a trouvé dans ce lieu de vie, une douceur et une écoute qui l'ont soutenue. Elle est venue ici régulièrement pendant quatre ans. "Lorsque j'ai su que j'étais malade, ça a été une vraie béquille. C'est plein de bienveillance, plein d'amour. C'est une autre famille. Heureusement que le Centre ressource existait et existe".

"C'est un soutien moral mais pas que... Quand on est malade, on reçoit uniquement des soins médicaux : chimio, radiothérapie, ce n'est pas anodin et c'est plutôt brutal quand même. Là c'est des soins de douceur, pour soi, de bien-être, ça n'a rien à voir".

"Et on retrouve du lien parce que quand on apprend qu'on est malade, on a l'impression qu'on est seul au monde. La famille, on ne veut pas tout leur dire pour éviter de les perturber. Ici on a la possibilité d'en parler même si finalement on en parle très rarement. Mais quand on en parle, c'est très naturel. Ici tout est très spontané alors que les gens à l'extérieur ont du mal à aborder le sujet, ils ont peur de nous choquer". 

"Je suis bien" conclut Sandrine dans un sourire. "C'est grâce au Centre ressource aussi que j'ai pu guérir, c'est une structure extraordinaire". Ce sentiment d'être ensemble, solidaire face à l'épreuve permet aux participant.e.s (c'est ainsi qu'on appelle ici les adhérent.e.s) de retrouver une estime de soi, voire une identité familiale et sociale renouvelée. Une quarantaine de patientes bénéficient du Centre actuellement... De nouveau maître de leur vie, en chemin pour une renaissance.