Difficulté de recrutement, salaire pas mirobolant : la profession de chauffeur de car peut sembler à la peine. Dans le Tarn-et-Garonne, un conducteur a été victime d'une agression en juin 2022 lors de son service. Il raconte cette scène douloureuse, sans pour autant remettre en question ses conditions de travail.
Cette agression, Benoît Guigue l'a encore bien à l'esprit. Dans son car lIO 203, reliant Montauban à Rodez, ce chauffeur de car de 52 ans a subi les coups de deux jeunes personnes, le midi du 2 juin 2022. Il revient sur les faits, qui ont été jugés il y a quelques semaines.
La scène se déroule à l'arrêt Pharmacie. "Une dame entre et valide difficilement son titre de transport" se souvient Benoît Guigue, qui lui vient donc en aide. "Derrière elle, un individu monte sans payer. Je lui rappelle la règle en vigueur (présenter une carte scolaire ou payer 2€), mais il me fait comprendre qu'il ne paiera pas" raconte le chauffeur. Le ton monte, et un deuxième individu, le frère du premier, monte dans le car.
Coups de pieds et coups de poings
C'est à ce moment que ces deux jeunes hommes, dont un mineur, deviennent virulents. "Le premier donne un coup de pied à la dame" reprend Benoît Guigue. Le chauffeur décide d'intervenir en prenant la dame contre lui pour la protéger.
En plus des nombreuses violences verbales, le conducteur se prend à son tour deux coups de poings et deux coups de pieds. "La tête en sang", il contacte la gendarmerie, ce qui fait fuir les deux jeunes. Un docteur vient vite lui porter les premiers soins.
"J'ai eu des crises de peur"
Les deux agresseurs sont retrouvés puis placés en garde à vue dans la journée. Benoît Guigue, lui, tient à terminer son service. Il ne s'arrête pas de travailler les jours suivants, et porte plainte. "C’était soit je continuais, soit je m'arrêtais : mais dans ce cas, est-ce-que je serais reparti ?" s'interroge-t-il.
Très choqué par son agression, il confie avoir eu "des crises de peur" chez lui, ou lorsqu'il repasse à cet arrêt. Il se fait suivre par un psychiatre depuis plusieurs semaines. "Et ça va beaucoup, beaucoup mieux".
Une profession "pas facile, mais fantastique"
Les deux individus ont été condamnés à 2.400€ de dommages et intérêts chacun. Le mineur est également suivi dans un centre spécialisé, tandis que le majeur devra assurer des travaux d'intérêt général pendant un mois. Un soulagement. "Même mon avocate n'y croyait pas" se rappelle Benoît Guigue, à qui on disait qu'il ne fallait "rien attendre de ce jugement".
C'est donc surtout pour la reconnaissance de sa profession que ce jugement a du poids, d'après Benoît Guigue. Dévalorisé, mal-payé, le métier de chauffeur de bus "n'est pas toujours facile" reconnaît-il. Mais lui souligne plutôt "l'aspect fantastique" de sa profession, où il peut faire ce qu'il aime : rencontrer des gens, et conduire. Aujourd'hui, il espère pouvoir l'exercer en toute sécurité.