"Ingres et Delacroix. Objets d'artistes", ou comment plonger dans l'intimité de deux géants de la peinture du 19e siècle

Vingt ans les séparent, une génération. Pourtant, ces deux géants de la peinture ont tous deux traversé le 19ème siècle, le siècle de la bataille entre néoclassicisme et romantisme. L’exposition "Ingres et Delacroix. Objets d’artistes", les confrontent à nouveau. Par le prisme des objets qui leur ont appartenu, le visiteur pénètre dans l'intimité des peintres.

L’exposition "Ingres et Delacroix. Objets d'artistes" est une exposition commune entre le musée Ingres Bourdelle et le musée national Eugène-Delacroix. Après avoir été présentée chez ce dernier à Paris, elle s’installe désormais à Montauban.

Ingres et Delacroix, ces deux grands noms de la peinture, symbolisent peut-être malgré eux un moment emblématique de l’histoire de l’art de la première moitié du 19ᵉ siècle : la bataille entre néoclassicisme et romantisme.

Les deux musées qui portent leurs noms réinterrogent aujourd’hui cette confrontation par le biais des objets. Des objets qui prennent vie et qui racontent beaucoup de leur intimité, d’homme et d’artiste.

Faire parler les objets

Ces objets du quotidien parlent de leur intimité, ils racontent une autre histoire, une histoire plus incarnée de ces deux grands peintres du 19ᵉ siècle. Ils sont les témoins de leur vie d’artiste, de leur quotidien, de leurs goûts personnels, certains ont même été la source d’inspiration.

Florence Viguier-Dutheil, directrice du musée Ingres Bourdelle à Montauban, et commissaire de l’exposition, explique comment est née cette exposition :

" Nous sommes partis sur un angle plus intimiste pour confronter les deux peintres. Les objets révèlent des choses que l’on ne voit pas. Faire parler ces objets, c'est aussi permettre à ces artistes de prendre une dimension humaine incarnée".

"Dans les musées et notamment au musée Ingres Bourdelle où nous possédons le fonds d’atelier Ingres, ces objets étaient un peu négligés, difficiles à classifier, ils sont restés longtemps pour beaucoup dans les réserves. C’est le cas par exemple du violon d’Ingres, il n’était pas inventorié. Nous avons donc décidé de saisir le taureau par les cornes et de redonner à cet ensemble toute sa dimension. Un très fastidieux travail de recherche, d’analyse, de classement permet aujourd’hui de les présenter au public. Avec Claire Bessède, directrice du musée national Eugène Delacroix, nous avions le même regard sur les objets qui montrent par exemple un autre Delacroix qui possédait tout un bestiaire d’objets très modernes".

Des objets familiers révélateurs d’identité

C’est vraiment une incarnation, ils prennent vie et montrent l’envers du décor, l’univers plus familier de ces deux géants de la peinture. "C'est en fait les faire descendre de leur piédestal, les avoir à notre portée, les rendre plus humains. Le gobelet de toilette de Delacroix très raffiné en dit long sur la personnalité du peintre."

"Delacroix vient d’un milieu cultivé et riche, puissant. Alors qu’Ingres, bien que son père soit artiste, appartient à un milieu plus modeste, loin de la capitale, puisqu’il est né dans la cité de Montauban le 29 août 1780. Ils sont tous les deux morts sans avoir eu d’enfants et tous deux étaient obligés de réfléchir à leur postérité. Ingres a pensé à conserver son œuvre dans sa ville natale et a donné son fonds d’atelier alors que Delacroix a voulu faire disparaître tout ce qui n’était pas œuvre.

Des objets qui évoquent des influences artistiques

Ingres était passionné par l’art gréco-romain. L’exposition offre au regard du visiteur un vase, une grande amphore, offerte par sa femme. L’artiste possédait aussi de nombreuses peintures de Raphaël qu’il considérait comme son dieu". Des objets de l'intime qui ont influencé l'artiste dans ses recherches et créations.

Delacroix, lui, était passionné par les objets orientaux ramenés de ces voyages. Il est l'un des premiers peintres à vouloir connaître l'Orient en entreprenant un voyage au Maroc.

Des outils d’atelier

Dans la grande salle du musée Ingres-Bourdelle, des palettes, des meubles à peinture, des chiffons, c’est tout un univers, une atmosphère d’atelier d’artiste qui s’offre aux regards.

"La palette d’Ingres par exemple n’a pas été nettoyée. Nous l’avons rapprochée à un tableau, une baigneuse en lien avec le bain turc, et on peut voir que cette palette reprend exactement les mêmes teintes que celles du tableau".

Cette exposition s’inscrit en partenariat avec le musée du Louvre car le musée Delacroix est un département du musée du Louvre. "Un partenariat qui permet au musée Ingres-Bourdelle d’obtenir des prêts exceptionnels."

En parallèle, une autre exposition "Sur les ruines du prince noir", plus contemporaine, est à voir absolument. Une installation signée Jean-Michel Othoniel. Trois grandes sculptures de briques et d’inox sont posées sur un sol de briques noires, saisissant !

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