Stéphane a 18 ans. Au collège et au lycée, il a subi plusieurs années de harcèlement. Un harcèlement qui continue encore aujourd'hui sur les réseaux sociaux. Mais à 18 ans, le jeune Tarn-et-Garonnais est bien déterminé à changer les choses. Il veut pouvoir apporter son témoignage dans les écoles pour aider les victimes. Rencontre à l'occasion de la journée contre le harcèlement à l'école ce 7 novembre.
Le harcèlement, plusieurs centaines d'élèves le subissent. Si aujourd'hui de nombreuses écoles ou lycées prennent les devants pour faire face à ce fléau, pour certains il est important d'agir directement sur le terrain. C'est le cas de Stéphane, un jeune Tarn-et-Garonnais de 18 ans. Aujourd'hui, il veut porter sa voix et celle des harcelés pour prévenir des dangers.
Attaqué sur son physique
Pour Stéphane, tout commence en classe de 6ᵉ. Au collège de Saint-Antonin-Noble-Val où il est scolarisé, le jeune va vivre deux années d'enfer. "On se moquait de moi car j'avais de l'acné, on m'appelait le boutonneux, et puisque j'étais assez maigre, on me traitait de maigrichon, c’étaient des insultes à répétition. On me faisait du chantage, on me bousculait. J'avais constamment peur du jugement des autres, j'avais peur de mes harceleurs." Alors pour Stéphane, la spirale infernale s'enclenche. Son comportement commence à changer. "Je ressentais des tentations de suicide, mais j'essayais d'ignorer tous ces gens. Je ne voulais pas leur donner raison. Je voulais vraiment avancer."
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Sa famille, inquiète de son retranchement et de son isolement, commence alors à se poser des questions. "C'était difficile pour eux de comprendre, c'est quelque chose qu'ils n'ont jamais subi. Mais au bout d'un moment je me renfermais tellement, et je tombais malade souvent, qu'ils ont compris que quelque chose clochait." C'est finalement l'oncle gendarme de Stéphane qui décide de prendre les choses en main. "Je lui en avais touché deux mots, mais au début je restais discret. Puis il s'est rendu compte de l'ampleur du harcèlement que je subissais et là, il a décidé d'en parler à mes parents."
Disparaître pour essayer de renaître
Face à ces révélations, les parents de Stéphane décident de prendre les choses en main. "Je me suis fait suivre par un professionnel qui m'a conseillé d'en parler. C'est ce qu'on a fait en prenant rendez-vous avec la directrice du collège, mais on me traitait de manipulateur et j'ai vraiment eu le sentiment de ne pas avoir été écouté. J'ai eu l'impression d'être viré de ce collège, lorsqu'on m'a demandé de partir."
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Stéphane part donc en internat à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). "J'avais totalement disparu. Là-bas j'ai eu quelques histoires avec un autre jeune, qui ont engendré quelques problèmes, mais cela n'a pas duré car l'équipe professionnelle était très à l'écoute. J'ai été pris au sérieux directement et tout s'est réglé."
Transmettre et prévenir des dangers
Aujourd'hui, Stéphane, âgé de 18 ans fait part d'une volonté de fer. Le jeune homme a trouvé sa voie. "Je pensais vouloir être agriculteur, comme mon papa, mais non je veux travailler avec la jeunesse. Je veux pouvoir parler de mon expérience pour sensibiliser les autres." Stéphane lance même, il y a quelques mois, une association pour intervenir dans les lycées et établissements.
#NonAuHarcèlement I « J’ai tenté de me suicider plusieurs fois. »
— Gouvernement (@gouvernementFR) November 5, 2024
🗣️ Lya Bavoil est une ancienne victime de harcèlement à l’École. Elle livre un témoignage poignant sur les conséquences de ce fléau. pic.twitter.com/RNKGMT9JBG
"On a eu beaucoup de demandes et c'était compliqué à gérer. Pour le moment je suis en service civique dans un établissement et je peux transmettre mon expérience comme cela, c'est génial ! Aucun enfant ne devrait se faire harceler, il faut tout faire pour orienter les jeunes, car le harcèlement détruit des vies. Je veux que mon témoignage soit utile pour tous les jeunes".
Plus de limites avec le cyberharcèlement
Pour le jeune Tarn-et-Garonnais, les limites que connaît le harcèlement scolaire sont rapidement franchies avec le cyberharcèlement.
"Aujourd'hui derrière un écran on peut tout faire, on peut tout dire. Je pense sincèrement que le cyberharcèlement est bien plus important et dangereux que le harcèlement scolaire. Car maintenant les personnels d'établissement sont un petit peu mieux formés qu'avant. Mais je pense qu'il faut vraiment progresser contre le harcèlement sur internet. Parfois, j'ai l'impression qu'on attend un drame pour agir" se désole Stéphane. Près d'un enfant sur six serait victime de cyberharcèlement selon l'OMS.