Favori du second tour, le leader d'En Marche ! a visité la Verrerie Ouvrière d'Albi avant de prononcer un discours place du Vigan. Avec des symboles jaurésiens au programme. Mais il a été accueilli sèchement par des syndicalistes.
Après François Mitterrand, Nicolas Sarkozy qui avait repris à son compte des citations de Jaurès lors de la campagne de 2007, Benoît Hamon qui a conclu sa campagne 2017 du premier tour à Carmaux, terre de Jean Jaurès, c'est Emmanuel Macron qui tente de mettre ses pas dans ceux du leader historique socialiste.
La VOA, Jaurès et... les fonds de pension
Le favori de la présidentielle a effectué ce jeudi 4 mai un dernier déplacement à Albi dans le Tarn, sur les terres de Jaurès, à 3 jours du second tour de l'élection et au lendemain d'un débat houleux avec Marine Le Pen.Symboliquement, Emmanuel Macron a visité la Verrerie Ouvrière d'Albi (VOA). Les ouvriers de l'entreprise avaient bénéficié du député Jaurès après la grande grève de 1895. Mais les temps ont bien changé : la VOA, ancienne société coopérative, a depuis... été rachétée par Verralia, un groupe lui-même détenu par un fonds de pension américain ! On est bien loin de Jaurès.
Un accueil houleux avec des syndicalistes
Et puis sur place, l'accueil a été tendu pour le candidat. "Abolition de la loi travail!", "Du pognon pour ceux qui vous font vivre!", ont scandé des syndicalistes CGT qui avaient prévu un comité d'accueil. Emmanuel Macron a conversé quelques minutes avec les militants, défendant notamment sa volonté de renforcer les accords de branches ou d'entreprises, dans le sillage de la loi travail de 2016.
Emmanuel Macron en visite à la VOA d'Albi se fait siffler par des salariés et des syndicalistes à l'entrée de l'usine
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©France 3 Tarn
"J'essaye d'expliquer pourquoi je crois à cette réforme qui va donner plus de place au dialogue social dans l'entreprise et dans la branche. J'y crois d'autant que j'investis 15 milliards dans la formation des gens. Je forme pour que vous puissiez changer de secteur", a plaidé le candidat d'En Marche!.
"On peut partager des désaccords", a plaisanté l'ancien ministre de l'Économie, un manifestant venu de Castres admettant qu'il en "partageait moins" avec Emmanuel Macron "qu'avec Marine Le Pen", la candidate du Front national. Accusé par une autre de "baratiner", le candidat a rétorqué: "Vous verrez que ça changera!".
Une séquence qui ne figure pas dans la vidéo publiée sur la page facebook officielle du candidat :
Un meeting en plein air à Albi et Jaurès toujours
Après la visite à la VOA, direction la place du Vigan à Albi où le candidat a prononcé un discours. Un discours en plein air, un peu comme au temps de Jaurès (et plus récemment de Jean-Luc Mélenchon). Mais avec un dispositif de sécurité renforcé : invitation, filtrage des spectateurs."Le grand acte d’avenir dont parlait Jaurès, c'est celui de l'école, de l'enseignement supérieur, de la connaissance, du savoir, s'est-il notamment exclamé. Je veux l’émancipation de la jeunesse par le savoir".
Dans l'après-midi, interrogé par les journalistes sur les symboles contenus dans cette visite tarnais. Emmanuel Macron avait parlé du monde ouvrier et des discours à la jeunesse de Jean Jaurès. La VOA pour l'un, le meeting de la place du Vigan pour l'autre. Une référence aux deux adresses à la jeunesse de Jaurès à Toulouse en 1892 et à Albi en 1903 (dont vous trouverez la quintessence dans ce webdoc produit par France 3 en 2014).
"Je ne veux pas d’une société qui construirait sa réussite dans l’injustice sociale : ces sociétés se fragmentent, a déclaré Emmanuel Macron. Je veux la réussite d'un projet en commun, pour être plus juste. Nous ne pouvons pas accepter que la jeunesse soit aux franges de la réussite économique".
Emmanuel Macron a ensuite pris la direction de Rodez (Aveyron) où il était attendu ce jeudi soir. La séquence "jaurésienne" d'Albi était la dernière sur l'agenda du candidat avant le vote de dimanche.