Un nouvel arrêté concernant l'utilisation du circuit d'Albi (Tarn) vient d'être publié lundi 21 mars. L'installation ne pourra être utilisée que 67 jours par an. "Un changement de paradigme" pour le maire du Séquestre, Gérard Poujade, qui ouvre l'ère des machines électriques et à hydrogène. Entretien.
Le feuilleton du circuit d'Albi (Tarn) connait un nouveau rebondissement. Lundi 21 mars 2022, Gérard Poujade, maire du village du Sequestre, a pris un nouvel arrêté municipal réglementant l’utilisation de la piste albigeoise, en accord avec la mairie d'Albi, propriétaire de l'installation. Une décision inattendue, qui ne serait pourtant selon l'élu tarnais, que l'aboutissement attendu de ce dossier. Entretien avec Gérard Poujade pour en savoir plus sur l'avenir du circuit d'Albi.
France 3 Occitanie : qu'avez-vous décidé pour le circuit avec la mairie d'Albi et la préfecture du Tarn ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : Il y a tout d'abord un aspect qui ne change pas : le Code de la santé publique s'applique pour toutes les manifestations sur le circuit. La nouveauté tient au fait que, consciente du bruit et de la nuisance provoquée par le circuit, son propriétaire, la mairie d'Albi, n'autorise le délégataire public à utiliser le circuit que 67 jours par an. 50 jours avec 4 voitures maximum sur circuit. 12 jours pour des compétitions et 5 jours pour les associations. La ville d'Albi s'engage à restreindre le circuit par le nombre de jours d'utilisation, celle du Séquestre donne sous ces contraintes-là, la possibilité d'organiser des courses respectant le code de la santé publique et le préfet qui promet de vérifier que les pratiques respectent le Code de la santé publique. Tous les trois mois, une réunion sera organisée afin de savoir si ces objectifs sont maintenus.
France 3 Occitanie : pourquoi cet accord a-t-il pu être trouvé aujourd'hui ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : cette évolution était attendue, car c'était le projet initial. Fin août 2021, la mairie du Séquestre, celle d'Albi et la préfecture s'étaient engagées à trouver une règle qui puisse permettre d'organiser des courses, avec plus de 4 voitures, sous réserve d'avoir une autre utilisation du circuit. Aujourd'hui, il est utilisé plus de 200 jours par an et 8 fois sur 10, il est en infraction avec le Code de la santé. Cela ne pouvait pas durer. Notre demande avec la préfecture était donc de limiter le nombre de journées avec les moteurs thermiques. Nous nous étions donnés une deadline fin octobre 2021 pour prendre une décision, mais la ville d'Albi a quitté la table des négociations, sans explication.
France 3 Occitanie : est-ce que l'abandon de la délégation de service public de DS Events a changé la donne ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : non. Pas du tout. Pour nous, DS Events ce n'est qu'un exploitant. L'arrêté que j'ai pris, c'est pour la ville d'Albi, propriétaire du circuit. Si la municipalité albigeoise avait reconnu que le circuit était une nuisance en octobre, nous aurions abouti à cette décision plus tôt. Je pense que DS Events a enfin pris conscience qu'elle ne pourrait plus rien faire sans appliquer le Code de la santé publique. Je pense que c'est pour cela qu'elle ne veut plus gérer le circuit. Les décisions qui viennent d'être prises n'ont rien à voir là-dedans.
France 3 Occitanie : respecter le Code de la santé pour des compétitions automobiles vous semble-t-il réalisable ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : maintenant, le circuit doit passer en 3.0. Qu'il soit entièrement orienté vers l'électrique et l'hydrogène. Ce circuit a ce qu'il faut pour faire tourner d'autres véhicules. Il faut quitter la notion nostalgique. Il y a une rupture, un changement de paradigme. Si le circuit doit être un outil économique, ce qu'il n'est plus depuis longtemps, cela passera par des technologies nouvelles, non impactantes au niveau du bruit.
France 3 Occitanie : lesquelles par exemple ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : faisons qu'ici désormais, il y ait des compétitions à l'hydrogène et à l'électricité et que, le reste du temps, le circuit serve à l'expérimentation. S'il faut faire des essais pour les bus de la Safra, ils peuvent le faire tous les jours s'ils le veulent. Si une voiture avec un moteur combiné devait faire 1500 kilomètres sur le circuit avec un seul plein, très bien. La question est : pourquoi actuellement ce n'est pas possible ?
France 3 Occitanie : que répondez-vous à certains riverains qui se sentent trahis et regrettent de ne pas avoir été associés ?
Gérard Poujade, maire du Séquestre : À chaque fois qu'il y a une évolution nouvelle, j'essaie de tenir informée l'association des riverains dans les 48 heures. J'ai demandé dès le mois de septembre et à plusieurs reprises que cette association soit entendue par la préfecture. C'est le seul bémol que je dirais. Je l'ai redit au préfet. Il faut qu'il les rencontre. Il faut entendre les riverains.