Albi : prison avec sursis requise contre la buraliste qui refusait de servir ses clientes voilées

La buraliste qui refusait de remettre des colis à des femmes voilées a été jugée ce jeudi à Albi, après la plainte qui la visait pour discrimination religieuse. Le parquet a requis 3 mois de prison avec sursis et 3000 euros d'amende.

Le procureur a requis 3 mois de prison avec sursis et 3000 euros d'amende contre Marie Pinier, la buraliste d'Albi qui comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel après des plaintes pour discrimination religieuse. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 28 juin.

L'affaire avait fait grand bruit en avril dernier : la commerçante avait refusé de délivrer un colis à une femme voilée, sous prétexte qu'elle refusait de retirer son voile pour la buraliste vérifie son identité avant de lui remettre le paquet. La personne voilée avait alors déposé une plainte pour discrimination.

Mais d'autres refus s'étaient également produits antérieurement. La buraliste était d'ailleurs poursuivie ce jeudi pour "refus de la fourniture d’un bien en fonction d’une appartenance religieuse" pour au total quatre  refus dont certains anciens, remontant à 2015.

A l'audience, ce jeudi, la buraliste a expliqué qu'elle refusait de remettre les colis aux femmes voilées parce qu'elle voyait "leur visage mais pas la tête". Elle a précisé qu'elle demandait à toutes les personnes couvertes (casques, bonnet, casquette, voile) de se découvrir, craignant qu'une arme y soit cachée.

Elle avait en ce sens placé une affichette sur sa devanture : 


Pour le procureur de la République Alain Berthomieu le commerce de la buraliste est "une sorte de royaume. Elle y fait sa propre loi (...) Les 4 victimes ont la même religion. Les personnes que vise Madame Pinier ce sont elles. Ce sont ces personnes (...) Madame Pinié ne peut pas dire qu’elle s’est trompé. Elle a porté atteinte aux plaignantes, les a humiliées, a touché à leur sentiment religieux, à cet élément le plus intime de leur personne. Madame Pinier doit comprendre qu’il y a des gens qui sont à l’affût de ce genre de comportement pour dire que tous les musulmans sont discriminés, ils s’en servent pour manipuler et passer à l’acte. Le fanatisme religieux se nourrit de ce genre de comportement".

Les plaignantes avaient reçu le soutien du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). 

La société de livraison de colis Pick-Up, dont la commerçante est l'un des dépositaires, s'était désolidarisée de la buraliste, estimant qu'aucune instruction n'avait été donnée en ce sens et "qu'un voile ou un turban ne fait pas obstacle" à ce contrôle d'identité. "Nous avons déjà demandé à ce relais de ne pas exiger des clients venant retirer un colis Pickup qu’ils ôtent leur voile ou turban" avait ajouté la société.

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