Le chantier de l'A69, la future autoroute qui doit relier Castres (Tarn) à Toulouse (Haute-Garonne) continue d'être au cœur de la polémique. Alors que Julien Lassalle, candidat du Nouveau Front populaire aux Législatives réclame un moratoire en cas d'élection, des opposants de La Voie Est Libre maintiennent que la phase actuelle des travaux peut permettre un retour en arrière.
Le dossier de l'A69, cette future autoroute qui doit relier Castres (Tarn) à Toulouse (Haute-Garonne) continue de soulever les polémiques et s'invite aussi au cœur du débat des élections législatives. Dans le programme de la gauche unie, il est indiqué que sera "décrété un moratoire sur les grands projets d'infrastructures autoroutières". L'A69 sera-t-elle concernée comme le réclame, depuis ce mardi 25 juin, Julien Lassalle, candidat du Nouveau Front populaire, dans la 3e circonscription du Tarn ?
[Lettre aux élu·es à propos de l'autoroute A69 : Trouvons ensemble la voie de l'apaisement]
— Julien Lassalle (@julienlassalle) June 25, 2024
À lire plus facilement sur https://t.co/2PSvyfG6zG pic.twitter.com/QWHY6frvvr
Pour Carole Delga, la présidente de la région Occitanie,invitée sur le plateau de C à vous, mardi 25 juin 2024, il n'en est pas question :
"L'A 69, c'est une réalisation, ce n'est plus un projet. Il y a 80 % des terrassements qui sont menés, il y a un tiers des ouvrages d'art qui sont réalisés, 200 millions d'euros versés aux entreprises soit 50 % du coût total des travaux."
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie
"Pourquoi ne pas avoir écrit un moratoire sauf sur l'A69 que soutient Carole Delga" ?, lui lance l'animatrice Anne-Elisabeth Lemoine. "Parce que c'est pas comme ça qu'on fait un programme, on met des principes sur les futurs projets d'infrastructures routières, il y a aura une discussion, rétorque la présidente. Mais la question de l'A69, elle est réglée ! Il faut arrêter de mentir aux gens, allez sur place ! ", comme on le découvrir dans cette vidéo diffsuée sur X :
"La question de l'A69 elle est réglée ! Il faut arrêter de mentir aux gens, il faut aller sur place et voir les travaux qu'il y a."
— C à vous (@cavousf5) June 25, 2024
A69, la gauche promet un moratoire sur les projets autoroutiers : @CaroleDelga s'exprime dans #CàVous pic.twitter.com/gNNR044faL
Une déclaration qui entraîne une réaction de déception de l'un des collectifs opposés à l'A69 qui démentent : "Nous, membres du collectif Saint Germain sans bitume (une centaine de membres, 300 suiveurs et suiveuses, travaillant en lien avec les collectifs opposés au bitume et à l'autoroute, aux associations de lutte pour le vivant), sommes encore une fois déçus, voire anéantis par vos prises de positions, associées à votre lien avec le lobby du béton et du bitume, écrivent-ils dans un courrier adressé à la présidente de Région, rendu public. Le moratoire du NFP vaut pour l'A69", assurent-ils.
Un chantier en dent de scie
Dans le sud du Tarn, les travaux de l'A69 sont-ils aussi avancés que le soutien l'entreprise concessionnaire du chantier, Atosca ce que conteste le collectif La Voie Est Libre ? Pour en avoir le cœur net, deux de ses membres qui y sont opposés, sont allés sur le terrain avec une de nos équipes.
Depuis le ciel, le tracé de la future autoroute commence à se dessiner. Pas de bitume, mais un tracé encore en terre. Des lignes claires à certains endroits interrompues par l'absence de chantier où la nature est encore présente.
À Castres, les travaux d'un futur échangeur auraient dû commencer en octobre dernier. "On aurait dû avoir un rond-point, un pont au-dessus de l'autoroute, et de l'autre côté un autre rond-point et autour à peu près une dizaine de petits ouvrages, avance Thomas Digard, membre de La Voie Est Libre qui surveille avec Geoffrey Tarroux, l'avancement du chantier depuis son lancement en mars 2023 . Et là, on en est à des fouilles archéologiques qui se sont terminées il y a quelques semaines et on en est à des prémisses de terrassement, et à une implantation des ouvrages."
Pour les militants de La Voie est Libre, le retard s'accumule. Il serait d'un an au total. Sur les 44 km de route à créer, 17 seraient vierges de tout travaux.
"C’est vraiment une illustration des mensonges du concessionnaire qui veulent nous faire croire que sur 100 % du tracé il y a des travaux. C’est totalement faux, ici il y a des zones humides, il y a un pont qui n’a toujours pas été fait alors qu’il y a 10 mois, il aurait dû être réalisé. Ils ont un retard considérable. Le retour en arrière est totalement possible."
Geoffroy Tarroux, membre de La Voie est Libre
Pas de changement côté calendrier
Neuf zones encore à déboiser, des habitants à exproprier, des fouilles archéologiques à terminer...
Mais face à ce constat, le concessionnaire reste ferme : la date d'ouverture de l'autoroute ne change pas et reste fixée à fin 2025.
"Le planning s'adapte à toutes les contraintes que l'on peut rencontrer en cours d'exécution notamment, celles liées à l'opposition à certains endroits du chantier, résume Walter Guyonvarch, directeur du Groupement conception construction, qui précise :
"On adapte l'ordonnancement de nos différents ateliers. De façon à pouvoir les utiliser de manière plus efficace et c'est pour ça qu'il y a certaines zones de chantier qui ne sont pas démarrées, mais c'est au bénéfice d'autres secteurs de chantier qui sont plus avancées."
Walter Guyonvarch, directeur du Groupement conception construction.
En mai dernier, Atosca nous précisait que : "Certaines choses ne sont pas visibles. La plupart des ouvrages d'art sont préconstruits et stockés dans des usines". Même cas de figure pour les ouvrages hydrauliques : "Sur 156 au total, 63 unités sont déjà posées et 110 sont stockées, prêtes à être installées", justifiait le concessionnaire.
Lire aussi : Autoroute A69 : l'avancement des travaux est un "mythe" selon les opposants, Atosca maintient être dans les temps
L'entreprise annonce que le chantier devrait s'intensifier cet été. 250 engins et 1200 ouvriers devraient être mobilisés.
Plusieurs recours des opposants sont toujours en cours. L'un d'entre eux vient d'être rejeté par le Conseil d'Etat.