Coup de colère des élus locaux suite à la demande d'un effort sans précédent aux collectivités locales. Un effort budgétaire à hauteur de 5 milliards d'euros. Inacceptable pour le président du département du Tarn.
Le Premier ministre présente ce jeudi 10 octobre le budget 2025. D'ores et déjà, un effort budgétaire est demandé aux collectivités locales. Le principal dispositif prévu est un fond d'épargne qui serait imposé aux 450 "plus grosses" collectivités, pour un coup de frein de 2,8 milliards d'euros sur la dépense.
Cette épargne serait "restituée" ultérieurement, selon des modalités encore à définir, et vingt départements "sensibles" en seront épargnés.
En Occitanie, elle concerne ; l'Aveyron, l'Ariège, le Gard, l'Hérault, les Pyrénées orientales et l'Aude. Mais pas le département du Tarn. Son président, le socialiste Christophe Ramond, ne se résout pas à cette annonce et ne cache pas sa colère.
France 3 : Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Christophe Ramond : On est en colère. Dans nos collectivités, on essaie de gérer au mieux. On s'est fixé des caps financiers, on dépense l'argent que l'on a. Au cours de ces dernières années, j'ai souhaité désendetter le département du Tarn et continuer à investir. J'ai veillé à ce que chaque euro dépensé soit un euro utile.
"𝐋𝐞 𝐃𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐓𝐚𝐫𝐧 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐥𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐯𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐢𝐭𝐨𝐫𝐢𝐚𝐥𝐞𝐬 𝐧’𝐨𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐚̀ 𝐩𝐚𝐲𝐞𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐮𝐧 𝐄́𝐭𝐚𝐭 𝐢𝐫𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐧’𝐚 𝐩𝐚𝐬 𝐬𝐮 𝐠𝐞́𝐫𝐞𝐫 𝐬𝐨𝐧 𝐛𝐮𝐝𝐠𝐞𝐭 !"
— Christophe Ramond (@ramond_christ) October 9, 2024
"Alors que le projet de…
Et pendant ce temps-là, l'État a continué à creuser son propre déficit. On a un État qui est irresponsable et qui n'a pas su gérer son budget et qui vient demander aujourd'hui aux collectivités territoriales, notamment aux départements, de prendre en charge son incompétence. Donc c'est pour nous un véritable scandale.
France 3 : Quelles conséquences sur le budget de votre département ?
Christophe Ramond : D'après les préconisations budgétaires proposées, ce serait une amputation de 10 millions d'euros de nos recettes. Que l'État nous dise ce qu'on doit arrêter ! Est-ce qu'on doit arrêter de verser le RSA ? Est-ce qu'on doit arrêter de verser l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) ?
Voilà les difficultés devant lesquelles on va être au cours des prochains mois s'il n'y a pas une vraie prise de conscience de la part des parlementaires dans les prochains jours.
France 3 : Pourquoi vous semble-t-il aberrant de demander un effort aux collectivités ?
Christophe Ramond : Il est hors de question que l'on soit des boucs émissaires et que l'on contribue à un déficit que nous n'avons pas creusé.
Quand on regarde sur une année les collectivités, elles votent leur budget en équilibre. Les règles font que les collectivités sont vertueuses par nature. Donc là, venir nous demander, alors qu'on est vertueux, de participer à cette hauteur, c'est complètement inconscient. Et puis c'est ne pas connaître la réalité de nos territoires.
Si on arrive à tenir dans nos territoires face à la montée des extrêmes, c'est parce qu'on investit, c'est parce qu'on trouve des solutions en proximité, en matière de déplacement, en matière de désenclavement, en matière aussi parfois de déserts médicaux.
Vous savez, dans nos départements, on l'a bien senti. Lors des dernières élections, il y a un sentiment un peu de déclassement. Dans nos territoires, quand on a une voiture ce n'est pas un luxe, c'est une réelle nécessité. Donc il faut tenir compte de ces spécificités dans nos territoires pour qu'on ait des moyens à continuer à permettre à nos jeunes de bien vivre dans le Tarn, comme ailleurs.
Dans les territoires comme les nôtres, on arrive à tenir parce qu'on est dans la proximité, on est dans l'écoute, on est dans le dialogue, on est dans la coconstruction avec tous les acteurs, on fait preuve d'agilité.
Je vais prendre un exemple, pour sauver l'ail de Lautrec il y a deux ou trois ans, avec la région, on a mis 800 000 euros pour acheter des réfrigérateurs. L'État n'est pas venu, et aujourd'hui cette filière se trouve sécurisée. Voilà l'agilité des collectivités territoriales.
Donc faisons confiance aux collectivités pour agir et amener des solutions.
France 3 : Votre espoir, c'est que ce budget soit retoqué ?
Christophe Ramond : La suite, c'est une forte mobilisation, je l'espère, de tous mes collègues, des collectivités territoriales, pour faire entendre notre voix. On n'est pas responsable du déficit de l'État. S'il faut qu'on contribue un petit peu, pourquoi pas ?
Mais pas dans ces proportions. 10 millions d'euros, ce sont des proportions beaucoup trop importantes pour les finances de notre département.
Quand on est acteur public, c'est facile de demander aux autres de déployer des efforts. C'est de la gestion à la petite semaine qui nous est proposée par le gouvernement Barnier.
Laissons les moyens aux collectivités territoriales d'assurer un minimum de services publics en proximité et que l'État veille éventuellement, comme je dis, à dégraisser un petit peu ces services en interne, notamment les administrations parisiennes.
Je crois que le gouvernement n'est pas du tout à la hauteur des enjeux dans nos territoires.