Après plus d'un mois passé dans les arbres, les "écureuils" avaient décidé de regagner la terre ferme mais deux d'entre eux sont remontés se percher ce dimanche 24 mars à Saïx, ont appris nos confrères de France Bleu. Ces opposants à l'A69 viennent d'obtenir pour ces arbres un sursis à l'abattage jusqu'en septembre.
Deux "écureuils", ces opposants à l'autoroute A69 qui se perchent dans les arbres pour éviter leur abattage, sont remontés ce dimanche 24 mars à Saïx dans la Crem'arbre, un bois menacé. Une décision avait été prise de descendre, la veille, suite à l'obtention d'un sursis pour les arbres sur le trajet de l'A69. Sursis qui court jusqu'au 1er septembre 2024.
Une descente en héros
Deux "écureuils" sont remontés dans les arbres ont appris nos confrères de France Bleu de la mairie de Saïx dimanche soir. Le mouvement de protestation se poursuit donc alors qu'on l'avait cru en suspens. En effet, samedi, les militants sont descendus sous les ovations des opposants à l'autoroute A69. Épuisés, à bout de forces pour l'une d'entre eux. Durant 39 jours et 39 nuits, ces défenseurs de l'environnement sont restés dans les arbres pour les sauver de l'abattage.
"On a eu la chance d'avoir un soutien au sol ahurissant" confie Reva, l'un des "écureuils". "Et franchement ce sont eux qui nous ont permis de tenir. Certains jours on n'avait vraiment plus rien et on mangeait de bourgeons de platane avec du sel ou du sucre. Heureusement qu'on a été ravitaillé pour retrouver un coup de boost".
39 jours de résistance
Durant 39 jours et 39 nuits ils ont subi le froid, le vent, la pluie mais également les privations de sommeil ou le manque de nourriture. De nombreux moments de tensions avec les forces de l'ordre présentes et bien décidées à les évacuer.
"On a essayé de parler avec les gendarmes, qui parfois nous regardaient, parfois nous appâtaient avec la nourriture, parfois nous humiliaient", poursuit Reva. "On a essayé de les inviter à être plus digne".
Sauvés par les mésanges
Les opposants à l'A69 ont obtenu un sursis pour ces arbres. Ils ne pourront pas être coupés avant le 1er septembre. Le préfet du Tarn a confirmé la décision de justice. Un rapport de l'office français de la biodiversité, OFB, confirme, lui, le classement de ce site en zone à fort enjeu écologique.
"On a eu un constat de l'office français de la biodiversité, attestant que des mésanges bleues commençaient leur nidification", explique leur avocate. Claire Dujardin "Clairement ce sont les mésanges qui nous ont sauvés".
Une victoire au goût amer
Après l'annonce de leur descente, plusieurs voix se sont fait entendre pour féliciter les "écureuils" pour leur combat. Dans un post, publié sur X (anciennement twitter), le rapporteur spécial de l'ONU qui était venu à leur rencontre s'est félicité de cet épilogue heureux.
#A69 Très heureux d’apprendre que les écureuil.les vont pouvoir descendre des arbres qu’ils occupaient pour empêcher leur défrichement dont l’illégalité, qu’ils dénonçaient, est confirmée. Bravo pour cette lutte pacifique et déterminée face à des décisions illégales des autorités https://t.co/O6BJwFlOVq
— Michel Forst (@ForstMichel) March 23, 2024
Pour Thomais Brail, le fondateur du groupe national de surveillance des arbres, farouche défenseur des arbres, la victoire a un goût amer : "Je pense que les autorités sont bien embêtées de savoir qu'on avait raison depuis le début. Ce qui est triste, c'est l'énergie qu'on déploie pour un projet qui n'a aucun sens".
Pour les opposants à l'A69, le combat continue. Ils attendent maintenant les suites de l'enquête pénale, ouverte par le pôle environnemental et restent mobilisés.