PORTRAIT : de l'aviation à l'ouverture d'un restaurant dans le Tarn, la reconversion post-covid d'un ancien pilote

Après avoir perdu son emploi de pilote à cause de la pandémie de covid, Olivier Courtois a décidé de changer de métier et d’ouvrir un restaurant. Une nouvelle aventure dans laquelle il s’est lancé avec sa famille. Et pour l'instant, la réussite est au bout. Rencontre dans le Tarn.

Changement de propriétaire ”. La banderole orne la palissade en bois qui délimite la grande terrasse de “l’Aérogare”. Un restaurant qui vient d’ouvrir à Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn, au coeur du Pays de Cocagne. C'était le 27 juillet pour être précis, après deux mois de travaux et près de 200.000 euros d’investissement.

L’établissement est idéalement situé, sur l'Esplanade Octave Médale, un lieu animé de cette commune de près de 9.000 habitants.

J’ai voulu m’inspirer d’un bar que j’ai découvert à Tokyo, le “Bar Martha” (un lieu où se retrouvent les noctambules avides de cocktails ou de whiskys sur fond de musique sur vinyle). On a eu envie de créer un endroit semblable, cosy, un peu vintage, un endroit où l’on a envie de passer un bon moment” explique Olivier Courtois, 49 ans, qui a repris ce restaurant avec son épouse Juliana, 38 ans.

A l’intérieur, tout est fait pour qu’on se sente à l’aise. “On a beaucoup chiné chez les brocanteurs pour la décoration ” raconte Olivier. Vieilles radios des années 60, vieille télé, vinyles en évidence, chaises d’un certain âge, vieilles affiches aux murs. Sans oublier les nombreuses références à l’aviation. Un aileron d’un “Morane Saulnier Rallye” - qui a participé à la course “Toulouse - Saint-Louis du Sénégal Toulouse” est ainsi exposé dans l’escalier. Il y a aussi d’anciens guides touristiques, pour rappeler la passion du voyage de cet ancien pilote qui a fait plusieurs fois le tour du monde pour son métier.

Le nom de leur restaurant ne doit rien au hasard. “L’Aérogare”. “C’est à la fois l’aviation bien-sûr, mais aussi un clin d’oeil à la ville de Saint-Suplice qui servait de ville dortoir aux conducteurs de la SNCF employés sur Toulouse ” explique le quinqua.

Licencié à cause de la pandémie

Car avant d’être restaurateur, Olivier était pilote d'avion. Ce Normand a fait l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation civile, située à Toulouse) en 1991. Pilote de formation, il a ensuite travaillé pour "Air Littoral" (une compagnie aérienne de Montpellier qui a déposé le bilan en 2004) pour ensuite se lancer dans le jet privé. Mais le Covid est passé par là.
Dès janvier 2020, les vols se raréfient, l’aviation s'effondre. En octobre - alors qu’il est employé par un riche entrepreneur chinois - il est licencié. Plus de travail et un besoin urgent de trouver une nouvelle orientation professionnelle.

On a dû tout réapprendre !

Olivier Courtois, patron du restaurant "LAérogare"

Olivier a suivi des formations (hygiène, vente d’alcool) pour être à la hauteur du nouveau challenge professionnel. “On a dû tout réapprendre, même si le service je le faisais déjà dans les jets privés” raconte t’il, sourire au coin. “Ce projet, c’est aussi pour nous, l’occasion d'être à deux et de travailler ensemble. Avant je partais un mois en mission en Asie et je revenais 1 mois. C’était dur pour tout le monde, notamment mon épouse Juliana ”.

Un vrai projet familial

Cette jolie blonde a quitté son métier d’assureur pour se lancer dans “cette incroyable aventure à deux ” comme elle le dit. “J’avais envie d’avoir plus de contact avec la clientèle, d’apporter aux gens un moment de plaisir. Mais aussi de travailler pour nous, et pas pour un autre employeur ”. “C’est un projet familial, les enfants sont à fond avec nous et nous soutiennent. Ils sont heureux de nous voir heureux”.
Pour garder le lien familial, malgré l’activité très chronophage de ces néo-restaurateurs, le couple a aménagé un petit appartement au deuxième étage du restaurant. “Comme ça, ils pourront y venir faire leurs devoirs et on les verra encore ” explique cette mère de deux enfants.

D'ailleurs - et c'est l'une des originalités de ce restaurant - une pièce est dédiée aux enfants. Une salle de jeux, qui sent bon les années 60/70, avec un vieux banc d'écolier et des jeux sortis tout droit de notre enfance.

Midi approche, le couple doit s’activer pour recevoir les premiers clients. En cuisine, c’est Félix Ebana-Ekobo qui est aux fourneaux. Aidé d’un commis, Hasdine. “J’ai tout de suite été séduit par leur projet et leur détermination. Ils savaient où ils allaient, et du coup, le fait qu’ils étaient nouveaux dans ce milieu n’était absolument pas un problème “ explique ce cuisinier qui est dans le métier depuis 15 ans. Passé par les restaurants toulousains “L’Alimentation” et "Ma biche sur le toit ", il était au chômage quand Olivier et Juliana l’ont recruté. “Ici, j’ai la liberté de créer ma propre carte, avec des produits frais et locaux. C’est une liberté unique ” explique cet Albigeois.  

Des produits frais et locaux

On essaye autant que faire ce peut d’acheter des produits locaux. Le vin et la bière sont produits à Rabastens (petite ville voisine tarnaise) par exemple, les glaces de Buzet-sur-Tarn (situé juste à côté aussi) ” détaille l’ancien pilote. “L’objectif, c’est vraiment de proposer une cuisine traditionnelle, raffinée avec une pointe d’exotisme ”.

Le restaurant propose plusieurs formules. Au menu aujourd’hui, en entrée, gaspacho de tomates ou tarte aux poireaux, en plat, filet mignon de porc ou filet de grenadier et en dessert, mousse au chocolat ou crumble au fruit. Le tout accompagné d’une boisson et pour 16 euros. Ouvert du mardi au samedi (avec des nocturnes jusqu’à 23 heures à partir de jeudi), le restaurant se transforme en bar à tapas le soir venu, ce qui attire un autre type de clientèle. “Mais des tapas très travaillés” souligne Olivier.

Pour faire tourner le restaurant qui peut accueillir jusqu’à 140 personnes, terrasse incluse, Olivier et Juliana ont embauché quatre personnes. Deux en cuisine, mais aussi deux serveuses, Sylvie et Erine.

Les clients apprécient. Hugues, un habitué explique :” C’est un endroit convivial. Les plats sont travaillés et raffinés”. Françoise et son mari Thierry eux viennent pour la première fois. “C’est original, la décoration, on n’avait pas ça avant à Saint-Sulpice” explique t’elle. “C’est bien situé et c’est joli. Ça va ramener du monde dans une ville qui est plus une cité dortoir qu’autre chose. Ici, il ne se passe pas grand chose d’habitude ” renchérit l’époux.

Pourtant, Saint-Sulpice-la-Pointe - considérée comme la grande banlieue de Toulouse - est en train de prendre un nouvel essor économique. Grâce à l'immobilier qui explose, mais aussi à l'arrivée de commerces comme ce restaurant ou un fromager qui s'est installé non loin.
Venus prendre leur café (le restaurant ouvre dès 8h30 du matin pour les lève-tôt), Françoise et Thierry promettent de venir dès que possible goûter à la carte.

Bon accueil des habitants de Saint-Sulpice

Nous avons été très bien accueillis par les habitants de Saint-Sulpice et avons vraiment bénéficié d’un vrai soutien de la mairie” explique Olivier. “On veut attirer une clientèle large. Il y a des banques, des artisans, un tissu économique, bref il y a de quoi faire pour des salariés qui veulent se faire un restaurant à midi ”. Et pour l’instant cela marche, puisque l’Aérogare affiche complet depuis son ouverture. “On est fatigué, mais heureux de nous êtres lancés dans cette merveilleuse aventure” explique Juliana. “On se dit qu’on ne s’est pas trompés, qu’il y avait la place pour un tel restaurant qui n’existait pas jusqu'ici ” souligne son époux qui tient le bar et s'occupe de l'encaissement.

Malgré l’instauration d'un pass sanitaire, qui n’a pas aidé ce couple dans son installation. “On verra le 9 août comment ça se passe, pour l’instant on est suspendu à la décision du Conseil constitutionnel ” explique Olivier. “Mais c’est sûr que cela ne nous a pas aidé pour se lancer” renchérit-il.

C’est une histoire d’amour ce restaurant. Je n’aurai pas pu le faire seul et elle non plus...

Olivier Courtois

Au-delà de l’aventure commerciale et humaine que représente l’ouverture d’un restaurant, ce projet est aussi le fruit d’un lien très fort qui unit ce couple depuis sept ans maintenant. “C’est une histoire d’amour ce restaurant. Je n’aurai pas pu le faire seul et elle non plus. Nous sommes très complémentaires". Et de rajouter avec émotion : “L’Aérogare, c’est un peu l’enfant que nous avons eu ensemble dans cette famille recomposée ”.

Quant à son amour pour l’aviation, Olivier Courtois refuse d'y renoncer définitivement. “Je n’exclus pas de revoler un jour, on verra bien… Ça reste une passion, un rêve d’enfant que j’ai pu réaliser ”.

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