INFO FRANCE 3 - Un médecin intérimaire de l’hôpital d’Albi (Tarn) a diffusé sur les réseaux sociaux des photos d’une patiente plongée dans le coma artificiel. Il risque une radiation et des poursuites judiciaires.
Début mars, une jeune femme est admise dans le service de "réanimation polyvalente-soins continus" du centre hospitalier (CH) d’Albi pour une pathologie atypique. Quelques jours après son admission, elle succombe. Après ce choc, la famille va devoir affronter une nouvelle épreuve. Elle découvre qu’un médecin fait circuler sur les réseaux sociaux des photos de la jeune femme.
Un médecin « multirécidiviste »
Les photos divulguées sur les réseaux sociaux n’ont rien d’anonyme. Elles montrent un visage mais aussi le corps d’une jeune femme alors qu’elle est hospitalisée dans un des 8 lits du service « réa » du CH d’Albi. Elles ont été réalisées alors que la jeune patiente a été placée en coma artificiel.
Il est évident que la jeune femme n'a pas donné son accord. Mais, comme le souligne un médecin, "le fait que la patiente donne son autorisation ne change rien au fait qu'il est totalement contraire à la déontologie de diffuser des photos. A la rigueur, on peut prendre une photo pour montrer à des étudiants, en petit comité, avec l'assentiment du patient et dans un but d'enseignement et recherche".
Les agissements du médecin du CH d'Albi ne se situent, évidemment, pas dans ce cadre.
Fait aggravant. Selon nos informations, ce n’est pas la première fois que le médecin "vole" ainsi des clichés et les rend publics sur les réseaux sociaux.
Mais, début mars, la famille "tombe" fortuitement sur ces images et réalise des captures d’écran. Le praticien intervient dans plusieurs établissements : en Gironde, son département d’origine, mais aussi dans le Tarn-et-Garonne et dans le département du Tarn.
Et c’est le drame subi par une famille tarnaise qui va mettre un terme aux agissements. La direction de l’hôpital d’Albi est informée et réagit immédiatement. Il ne s’agit pas d’un «titulaire » mais d’un contractuel. Le directeur de l’établissement décide alors de "rompre" son contrat. Contacté par France 3, celui-ci, Alexandre Fritsch précise que "le praticien ne travaillera plus jamais pour l’hôpital d’Albi".
La direction du CH a saisi l’ordre des médecins et informé l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Violation du secret médical
L’affaire n’a pas circulé dans les couloirs et les services de l'hôpital albigeois. Mais la direction de l’établissement évoque une "triste histoire" qui affecte le service de "réa". Une incompréhension règne sur les motivations du praticien incriminé. Selon nos informations, contacté après son remplacement, le médecin aurait affirmé ne pas mesurer l’impact de son comportement. Il se contenterait d’invoquer un intérêt "pédagogique".
Un ancien président de l’ordre régional des médecins souligne la gravité des faits. Des faits qualifiables, selon lui, de "violation du secret médical", de "violation du secret professionnel" et de faits de nature à déconsidérer l’exercice de la profession médicale".
La sanction peut être pénale (1 an de prison, 15 000 euros d’amende) et également ordinale (radiation pendant 3 ans). S’agissant de ce dernier point, le CH d’Albi a saisi les conseils de l’ordre des 3 départements dans lesquels exerce le praticien (Tarn, Tarn-et-Garonne et Gironde). Le directeur du CH, Alexandre Fritsch, précise que l’ordre national des médecins a également été alerté.
Le dossier est donc sur la table de la justice ordinale. Un dossier qui ne présente pas de complexité particulière. Selon une source proche du dossier, la production de capture d’écran peut parfaitement suffire à qualifier les faits et à prononcer d’une radiation.
La sanction risque d’ailleurs de dépasser le cadre professionnel. Une action devant la justice civile pour dommages et intérêts et des poursuites pénales sont ouvertes.