Face à l'opposition suscitée par son projet de création d'un centre de formation pour la défense des navires marchands, l'entreprise à l'origine du projet renonce à implanter un camp d'entrainement aux armes de guerre sur la commune de Rayssac, dans le Tarn.
L'annonce du projet avait surpris tout le monde, lors d'une réunion publique organisée par la mairie de Rayssac, à la mi-juin 2016. Personne dans le village n'avait entendu parler avant de l'implantation sur l'ancienne mine de fluor de la commune d'un centre d'entrainement aux armes de guerre destiné à "délivrer les formations professionnelles aux agents des entreprises privées de protection de navire". Les porteurs du projet, un ancien soldat commando britannique et sa femme, installés sur la commune depuis 2003 y travaillaient pourtant déjà depuis 3 ans et avaient même obtenu l'agrément du Ministère de l'environnement de l'énergie et de la mer.Neuf mois plus tard, l'abandon du projet semble avoir été acté lui aussi dans la discrétion. Une simple annonce, publiée il y a un mois sur la page Facebook de l'entreprise, le formalise. "Notre projet ne verra jamais le jour. L’opposition, la frénésie médiatique ainsi que le laxisme et manque de moyens de nos administrations locales et nationales l’ont assuré", indique l'entreprise Solgarte, avant de fustiger les opposants à son projet : "honte à vous : pour avoir pris des décisions basées sur des allégations fausses, diffamatoires et sans fondement, pour avoir ignoré la valeur ajoutée de tel projet en termes de l’économie locale et finalement pour avoir empêché l’amélioration de formation pour toutes nos forces de l’ordre qui vous permettent de bien dormir la nuit !"
Une simple annonce qui se conclut par une drôle d'invitation, "pour ceux ceux qui possèdent les documents pertinents", à visiter le site internet de l'entreprise : "nous avons des fusils d’assaut à vendre". Site internet qui n'existe plus.
Une forte opposition au projet
L'annonce de ce projet avait créé de nombreuses inquiétudes des riverains qui craignaient le retour de nuisances, dix ans après la fermeture de la mine de fluor installée sur la commune. Ils s'interrogeaient également sur l'origine des tireurs formés et la façon dont seraient stockés armes et projectiles et craignaient "une usine à gaz, inadaptée au contexte rural". Une association, l'association pour la Protection de la Vallée du Haut Dadou (APVHD), s'était créée en juin, avec la ferme intention de saisir le tribunal administratif pour tenter de bloquer ce projet.
Aujourd'hui, pour son vice-président, Alain Amalric, c'est le soulagement, "même s'il faut rester très vigilant sur l'avenir du site". Celui-ci va en effet revenir à la charge des collectivités quand la concession minière aujourd'hui confiée à la SOGEREM s'achèvera. Son association espère "qu'une large concertation sur l’avenir du site minier du Moulinal" sera alors menée, avec "toutes les parties prenantes du territoire, depuis les représentants des collectivités locales jusqu’aux résidents du territoire, pour ne pas réitérer les erreurs du passé".
Voyez le reportage de Miryam Brisse et Roxane Florin :