Le Castres Olympique, club au budget limité d'une ville moyenne et enclavée, tient tête depuis des années aux ténors et métropoles du rugby français grâce au soutien indéfectible mais mesuré du groupe Pierre-Fabre, son actionnaire majoritaire.
C'est l'actionnaire majoritaire du Castres Olympique. Le groupe Pierre Fabre occupe le rang de troisième laboratoire pharmaceutique français pour un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros.
Sur le papier, le groupe Pierre-Fabre pourrait donc très bien rivaliser avec les budgets des plus grosses écuries du Top 14.
Mais il ne le fait pas, puisque le club ne possède que le 11e budget du championnat (21,7 M EUR).
Une masse salariale en dessous de la moyenne des clubs de Top 14
Et même si les joueurs ne sont pas "payés en pots d'Avène" (un produit cosmétique), pour paraphraser la petite pique lancée il y a dix jours par l'entraîneur en chef de Toulouse Ugo Mola, la masse salariale du club est "en-dessous de la moyenne nationale", selon son président Pierre-Yves Revol.
"Ce budget traduit une réalité économique. A Castres, contrairement à d'autres clubs, nous ne pratiquons aucune rémunération complémentaire, genre droit à l'image", explique Pierre-Yves Revol, qui ne souhaite pas communiquer le montant injecté chaque année par l'entreprise, par ailleurs propriétaire du centre d'entraînement du club, le Levezou.
On pourra avancer que le Castres Olympique n'a pas besoin de se lancer dans la course à l'échalote financière, puisqu'il dame le pion aux cadors du Top 14 depuis une petite dizaine d'années, voire plus: champion de France 2013, il n'a manqué la phase finale qu'à une seule reprise depuis 2010.
"Démarche citoyenne"
Mais, selon Pierre-Yves Revol, par ailleurs à la tête de Pierre-Fabre Participations, entité qui contrôle le groupe pharmaceutique et cosmétique, le club veut de toutes façons "rester dans une économie raisonnable"."Depuis cinq ans par exemple ce soutien du groupe est stable et n'augmente pas. Le budget du CO augmente donc dans des proportions moindres que celui des autres clubs. C'est une situation que l'on assume parfaitement même si cela nous oblige à faire mieux, ou aussi bien, avec des moyens inférieurs", souligne-t-il.
"La recette est un peu difficile mais ce que nous recherchons à faire c'est essayer de cultiver ce sens du collectif si précieux pour essayer de gommer ces différences", ajoute-il.
Les laboratoires Pierre-Fabre, qui ont pris en 1987 le contrôle du CO, alors en difficulté financière, sont davantage dans "une démarche d'entreprise citoyenne" qu'animés par la volonté d'en faire le meilleur club de France, et le plus riche. Celle-ci dure depuis plus de trente ans et n'a pas été remise en cause par le décès en 2013 de Pierre Fabre, qui a commencé à bâtir son empire en achetant une pharmacie à Castres en 1951.
Le siège social du groupe est toujours situé dans la sous-préfecture du Tarn, dont il est le principal employeur privé, et le stade Pierre-Antoine où joue le CO a été rebaptisé Pierre-Fabre en septembre dernier.
Cette "démarche citoyenne" est surtout essentielle à la survie du CO dans un championnat qui fait la part belle aux grandes métropoles: émanation sportive d'une ville de 43.000 habitants coincée au nord par Albi (Pro D2) et à l'ouest par Toulouse, sa zone de chalandise est restreinte. Ses deuxième et troisième partenaires, Matmut et Bigard, n'ont qu'un lien restreint avec le territoire.
Mais, aussi indispensable et pérenne soit-elle, lui permettra-t-elle indéfiniment de défier les lois de la logique financière ?