C'est une découverte qui suscite bien des interrogations dans le quartier historique de Graulhet dans le Tarn. Une ouverture médiévale a été mise au jour après la démolition d'une vieille bâtisse, située dans l'ancienne cité médiévale fortifiée. Un patrimoine de valeur à protéger ? C'est ce que nous avons cherché à savoir.
La démolition d'une demeure ancienne de Graulhet dans le Tarn a-t-elle mis en lumière un trésor du patrimoine ? La question se pose après la découverte, sous la bâtisse du 22 Grand Rue, de ce qui s'apparente à une porte médiévale. "Cela pourrait être l'une des anciennes portes d'entrée de la cité médiévale de Graulhet, ce que nous, on appelle le château", souligne un élu municipal d'opposition. Qu'en est-il ? Nous avons sollicité pour avis plusieurs services d'archéologie et du patrimoine.
Graulhet, cité médiévale
Située dans le Tarn, la ville de Graulhet a été érigée sur un promontoire rocheux. La cité médiévale fortifiée s'est développée autour d'un château mentionné pour la première fois en 961 dans le testament d'un comte de Rouergue. "La ville était fermée par des remparts, deux grosses tours et était accessible par deux portes : la porte de la Barbacane et la porte de la Bastide", peut-on lire sur le site internet de la ville.
Ce cœur historique de Graulhet, c'est aujourd'hui le quartier de Panessac avec ses constructions médiévales et architecture à pans de bois. Un patrimoine fragile comme en témoigne la démolition ordonnée en décembre 2023 par le tribunal de Castres. Après l'effondrement d'une partie de sa toiture, l'ancien presbytère, laissé à l'abandon, doit être détruit.
Janvier 2024, le 22 de la rue Grand Rue va peu à peu disparaître du paysage. La bâtisse est entièrement démolie, du toit à la cave, mais va laisser apparaître un élément historique.
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"Une découverte très intéressante"
Difficile pour les spécialistes de définir toute la valeur de l'élément mis au jour, sans se rendre sur place. Nous avons sollicité leur avis en leur présentant la photo ci-dessus. S'agit-il une porte médiévale ? Pour répondre à cette question, "il faudrait connaître le tracé de l’enceinte et l’historique de la ville", avance avec précaution Adeline Béa, chargée d'études au Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement du Tarn.
"En revanche, ce qui me semble plus sûr, c’est qu’il s’agit d’une ouverture médiévale en soubassement. Ce peut être un arc diaphragme qui pouvait couvrir une cave ou une pièce de stockage de la maison ou un arc couvrant un espace dédié à une activité en relation avec l’eau (?), nous répond la chargée d'études inventaire du patrimoine au CAUE.
Des conclusions partagées par la chercheuse, Anaïs Comet. "Il faudrait revoir le parcellaire précis à cet endroit en comparant terrain et cadastres actuels/anciens, pour mieux comprendre si on est sur un arc à l’intérieur d’une cave d’une même maison ou un arc entre deux caves de maisons voisines", fait savoir la chercheuse au sein du service de la connaissance et de l'inventaire des patrimoines à la Région Occitanie. "C’est en tout cas une découverte très intéressante !"
Mettre en valeur le patrimoine
Nous n'avons pas pu échanger avec le maire de Graulhet sur le sujet. À l'heure de la publication de cet article, nos sollicitations sont restées sans réponse. En revanche, nous avons réussi à contacter un élu de l'opposition municipale qui s'interroge sur ce silence.
Lui milite pour des fouilles à la suite de cette découverte. "On est en terrain inconnu, nous dit-il. On est sur une partie de la ville haute qui est là depuis la naissance de la ville, avec des fondations que l'on ne connaît pas et une évolution du bâti qui est assez grande."
Il y a une demande de classement de Panessac en site patrimonial remarquable pour sa préservation et sa mise en valeur, rappelle-t-il également. Restaurer le patrimoine, rechercher son histoire, c'est indispensable, selon cet élu, "pour mettre de la culture dans notre cœur de ville ancien." Ce serait là un atout touristique pour Graulhet.
Des habitants du quartier, eux, s'inquiètent que de la préservation de cette ouverture médiévale, jusque-là à l'abri de l'air et de la lumière. Plus d'un mois après la fin des travaux de démolition de la bâtisse sous laquelle elle a été découverte, aucune protection n'a été mise en place.
